D’emblée, le premier volume des sonates pour violon et clavecin de Bach s’était valu une place de choix au classement de mes coups de cœur de 2005 et, au fil des mois d’hiver, se retrouvait parmi cette petite poignée d’enregistrements qui possèdent la capacité de garder à distance la barbarie et la laideur du monde.
Avec Bach : Sonates pour violon et clavecin, Vol. 2 (Analekta), James Ehnes et Luc Beauséjour bouclent une intégrale qui mérite de s’imposer à titre de référence. Rien d’étonnant là-dedans, quand on sait le pedigree de Beauséjour (qui nous livrait récemment sa version des Variations Goldberg au Studio Glenn Gould), et la grâce indicible que conjure, dans tous les répertoires, l’archet d’Ehnes.
Dans ces partitions dont la virtuosité coule de source, Bach a élaboré un dialogue contrapuntique d’une complexité qui dépasse le modèle fixé par Corelli, préfigurant à bien des égards le classicisme de Haydn et Mozart. Le miracle de ces enregistrements est d’avoir capturé avec beaucoup de naturel cette formidable capacité d’invention du compositeur qui, à l’intérieur de formes rigoureusement préétablies, balisait un vaste espace de liberté.
Et dans ces lectures de Beauséjour et Ehnes, on en arrive par moments à ne plus entendre le violon ni le clavecin, mais tout bonnement un dialogue entre deux âmes soeurs.
La voix du hautbois
Seconde série de duos portant le simple titre de Bach (ATMA), que l’on doit cette fois à la hautboïste Louise Pellerin et à l’organiste Dom André Laberge, gravée à l’église abbatiale de Saint-Benoît-du-Lac, là où Laberge exerce ses fonctions monastiques.