Mahler, musicien au charisme inextinguible

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/05/2011 par Gabriel Racle

Ce titre reprend les derniers mots de l’excellente biographie qu’Isabelle Werck a consacrée à Gustav Mahler «pour les anniversaires 2010-2011». En effet, en cette année 2011, le monde musical célèbre le 100e anniversaire de son décès, après avoir célébré en 2010 le 150e anniversaire de sa naissance.

Un musicien est né

«Une vocation sûre dans un univers complexe», tel est le titre du premier chapitre de la biographie d’Isabelle Werck, Gustav Mahler, Paris, bleu nuit éditeur, 176 p. Et c’est ainsi que se caractérisent les débuts de Gustav Malher.

Né le 7 juillet 1860 à Kalischt en Bohême, il est le deuxième des quatorze enfants de Bernhard, détenteur d’un atelier-café-épicerie, et de Marie Mahler, fille d’un marchand de savons. Huit de ses frères mourront en bas âge. La famille déménage pour s’établir à Iglau, entre Vienne et Prague.

Le comportement du père crée un climat familial délétère, d’où Gustav s’évade par la rêverie et la musique. «Même pendant mon enfance, la musique était pour moi quelque chose qui me soulevait…»

Publicité

La famille non-musicienne s’aperçoit vite de ses aptitudes, une tante lui paie des cours, un professeur lui enseigne l’harmonie, il chante dans une chorale, il s’imprègne du folklore tchèque chanté par les servantes de son père, il s’immerge dans la nature et il commence à composer.

Études et travail

En 1875, Gustav entre au Conservatoire de Vienne. Il travaille beaucoup Schubert sous la houlette de professeurs de piano et d’harmonie. Il restera influencé par son errance, sa familiarité avec la mort, ses tournures populaires.

Il étudie et travaille pour gagner sa vie. À Vienne règne une agitation musicale déclenchée par Wagner et Liszt, avec leur «musique de l’avenir».

Il fréquente les cercles wagnériens, connaît un premier chagrin d’amour et compose sa première œuvre d’envergure, Das klagende Lied (Le chant plaintif), qu’il présente au Prix Beethoven, en 1888, sans l’obtenir. Sa musique est trop novatrice.

Puis Mahler devient chef d’orchestre de petits théâtres qui présentent opérettes ou opéras, ici ou là, en Allemagne.

Publicité

Et il compose des lieder empreints de nature et d’airs populaires: Les Chants d’un compagnon errant, pour piano et orchestre. Il brille comme chef d’orchestre à Prague et à Leipzig, dans des œuvres de Wagner et Mozart.

Le compositeur

Mahler compose, inspiré par d’autres déceptions amoureuses ou pour y remédier? Sa Première symphonie est créée à Budapest en 1889.

«Elle exhale un parfum de romantisme puissant dans une forme parfaitement maîtrisée.» (I. Werck) En 1892 paraissent les Lieder du Wunderhorn, neuf lieder avec piano, dans lesquels s’exprime «le besoin de légende, de pittoresque et de psychologie simplifiée» (p. 43).

La Deuxième Symphonie est présentée à Berlin en 1895. «On commence par y être abattu à coups de massue, et ensuite on y est porté vers les plus hautes sphères sur les ailes des anges.» (Mahler)

Selon la construction mahlérienne, on passe du ténébreux au lumineux. Suivront la Troisième Symphonie (1902) «qui rend hommage à la vaste Nature (p.59) et la Quatrième Symphonie, «une parenthèse scintillante… une symphonie légère et insouciante de ton» (p. 66).

Publicité

Vienne

En 1897, Mahler devient directeur de l’Opéra de Vienne. «Il a enfin décroché le poste le plus enviable, se retrouve doté de larges pouvoirs dans une ville mythique, exceptionnel foyer musical depuis un siècle…» (p. 73). Il va y régner pendant dix ans. Il connaît à la fois succès et critiques.

Son perfectionnisme reconnu lui fait opérer des réformes radicales, en avance sur son temps: ponctualité des spectateurs, obligation de rester assis en silence, décors adaptés, équité salariale des employés. Il fait jouer intégralement les opéras de Wagner et de Mozart, avec lesquels il triomphe. Mais il sombre dans la mélancolie.

«Je fais danser tout l’Opéra sur le bout de mon doigt… Je n’en ressens pas la plus petite étincelle de satisfaction »

Dernières années

Il compose d’autres symphonies (V, VI, VII, VIII), les Chants pour les enfants morts. Il se marie avec «la plus belle femme de Vienne» dont il a deux enfants.

Devant les critiques et l’antisémitisme, Mahler démissionne en 1907 et quitte Vienne pour New York où on lui propose de diriger le Metropolitan Opera.

Publicité

Il connaît un vif succès à New York où il dirige les saisons hivernales. Il compose Le Chat de la Terre, la Neuvième Symphonie, la Dixième qui est restée inachevée. Malade, il rentre à Vienne où il décède le 18 mai 1911.

Pour connaître Mahler et son œuvre, on lira l’excellente biographie citée, disponible sur www.bne.fr ou www.guidecd.com/Boutique
pour le Canada. Elle comporte une analyse limpide des œuvres de Mahler, utile pour préparer une audition.

Précisément, le Toronto Symphony Orchestra exécutera la Cinquième Symphonie le 18 juin à 22h30, au Roy Thomson Hall.

«Le soir est le meilleur moment pour se laisser imprégner et émouvoir par un chef-d’œuvre musical.»

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur