Qui se cache derrière «on»?

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Publié 23/05/2006 par Martin Francoeur

Il y a un vieux mythe qui doit être défait. Contrairement à ce que se sont fait enseigner plusieurs francophones, «on» n’exclut pas la personne qui parle. Il le peut, mais ce n’est pas toujours le cas.

Le pronom personnel «on» est peut-être une source de tracas lorsque vient le temps de conjuguer. Longtemps, on a pensé qu’il était mal d’utiliser ce pronom en faisant référence à «nous» mais avec l’usage, on se rend bien compte qu’il est possible de le faire.

D’abord, il est intéressant de noter que le pronom «on», qui s’écrivait jadis «om», «hom» et «hum», vient du nom latin «homo», qui veut dire «homme». Cela en dit long sur ce que désigne ce pronom, mais sur le plan grammatical, cela nous laisse dans le flou.

«On» est-il un synonyme de «nous»? De «les autres»?

En fait, on ne se trompe pas si on dit que le pronom «on» désigne souvent une personne ou un ensemble de personnes dont on ignore l’identité. Il s’apparente ainsi à «quelqu’un», «quiconque» ou «tout le monde».

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Dans ces emplois, le participe passé ou l’adjectif qui se rapporte au pronom «on» est invariable, c’est-à-dire au masculin et au singulier, puisqu’on ignore le sexe et le nombre de personnes que le pronom représente.

Ce texte est d’ailleurs truffé d’exemples d’utilisation du pronom «on» dans ce sens: «on ne se trompe pas trop», «on a pensé qu’il était mal d’utiliser ce pronom», «on se rend bien compte qu’il est possible de le faire»…

Si on avait des adjectifs ou des participes passés à accorder, on le ferait au singulier: «on ne s’est pas trop trompé», «on est convaincu de la pertinence», par exemple.

Mais le pronom personnel «on» peut aussi représenter une ou plusieurs personnes qui sont bien identifiées. Il est alors possible de le remplacer par un autre pronom personnel. Dans ces emplois, le participe passé ou l’adjectif qui s’y rapporte prend le genre et le nombre du sujet représenté par «on».

Le plus souvent, c’est avec le pronom «nous» qu’on associe «on». Cela est probablement dû à l’influence de l’oral, où un tel emploi est fréquent. On peut dire et écrire: «On s’est bien amusés en vacances», «mon frère et moi, on s’est disputés ».

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Il peut aussi arriver que le pronom «on» remplace un autre pronom personnel. Dans un ouvrage ou une thèse, par exemple, «on» peut remplacer «je». On peut donc écrire: «Pour réaliser la présente analyse, on a tenu compte des statistiques les plus récentes» ou encore «Afin de présenter le portrait le plus fidèle, on a recueilli différents témoignages d’intervenants et d’experts».

«On» peut aussi remplacer les pronoms «tu» et «vous», mais cet emploi est plus fréquent dans le langage parlé ou dans les formes littéraires. Un garçon de table peut aborder une personne seule en lui demandant: «Alors, on a fait son choix?».

À l’écrit, on doit faire l’accord des adjectifs et participes passés: «Alors mesdames, on est entrées sans permission?».

L’Office québécois de la langue française nous rappelle d’ailleurs que l’emploi de «on» pour désigner une ou plusieurs personnes bien définies est plus fréquent à l’oral. «Toutefois, à l’écrit et dans un style soutenu, il est préférable d’utiliser le pronom personnel correspondant», ajoute-t-on.

Notons enfin qu’il arrive qu’on fasse précéder «on» de «l’» dans un langage soutenu et uniquement pour des raisons euphoniques. L’utilisation de «l’on» tend toutefois à disparaître. Elle vient du fait qu’à l’origine, «on» était un nom et qu’il était de mise de le faire précéder d’un article lorsqu’on l’employait dans une phrase.

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On retrouve plus souvent la forme «l’on» à l’intérieur des phrases: «il refusera, quoi que l’on propose», «il arrive que l’on fasse abstraction de quelque chose» ou «si l’on se fie aux critiques, c’est un mauvais film». En début de phrase, la forme est plutôt vieillie. «L’on considère le projet comme étant essentiel pour le développement de la région… » ou «L’on a observé un phénomène inhabituel…», ça sonne curieux.

Voilà une petite chronique qui mettra de l’ordre dans les on-dit et les qu’en-dira-t-on…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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