Rentrée tardive

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Publié 05/10/2010 par Martin Francoeur

Ah! Le bonheur de vous retrouver! Je croyais que mes deux petites semaines additionnelles de congé allaient passer inaperçues, mais ce ne fut pas le cas. Deux courriels de lecteurs assidus m’ont rappelé à l’ordre. Avant même l’éditeur ou le rédacteur en chef de ce journal!

Je vous avoue bien humblement que ma tête était ailleurs ces dernières semaines. Vous ai-je déjà parlé de ma passion pour le théâtre? J’ai un vague souvenir d’avoir consacré une chronique à la langue française telle qu’on la retrouve dans les œuvres de Molière mais je crois que ça se limitait à ça.

Tout ça pour dire que ces dernières semaines, je suis monté sur les planches pour une production théâtrale, à Trois-Rivières. Un très beau rôle, exigeant à souhait, mais combien savoureux.

Un metteur en scène a fait un superbe cadeau au comédien amateur que je suis en me faisant jouer Hector, un professeur excentrique, dans La leçon d’histoire, version française de The History Boys. Alors les deux semaines de représentations m’ont tenu occupé. Mais qu’à cela ne tienne, je suis heureux de reprendre du service dans ces pages. Et je n’allais certes pas déroger à ce qui est maintenant devenu une tradition: commencer la saison en parlant de dictionnaires! Le Larousse et le Robert étant les favoris du public, je ferai comme par les années passées: une petite chronique pour chacun.

Le Petit Larousse 2011 est disponible depuis plusieurs semaines déjà et j’ai eu le temps de le feuilleter et de constater, toujours avec le même plaisir, sa célèbre capacité de se renouveler.

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La nouvelle édition du Larousse entraîne un flot de nouveaux mots, de nouveaux sens, de nouvelles expressions. Elle est aussi enrichie de nouvelles planches, dont certaines très intéressantes sur la Coupe du monde de football ou sur les animaux en voie de disparition. Grâce à ces planches et à toutes les autres illustrations qui ponctuent l’ouvrage, le Larousse demeure le plus convivial des dictionnaires. Je le redis: il s’agit du dictionnaire usuel parfait pour la famille. Les définitions et les éléments étymologiques ou historiques ne sont pas aussi étoffés que dans le Petit Robert mais on s’y retrouve facilement, on nous donne l’essentiel, on nous illustre de nombreux noms communs.

Au chapitre des nouveaux mots, on remarque encore une fois l’influence du développement des technologies de l’information, notamment avec pop-up (fenêtre publicitaire qui s’ouvre automatiquement sur certains sites Internet), agrégateur (site web ou logiciel qui, automatiquement et régulièrement, détecte et rassemble les mises à jour de sites prédéterminés par un internaute, et les lui adresse) ou encore vidéosphère (sphère de la communication qui privilégie l’immédiateté de l’image, qui inclut les vidéos amateurs diffusées sur Internet).

Mais on constate aussi l’influence de la protection de l’environnement et de l’écoresponsabilité: écoquartier, biocombustible, bois-énergie et fluocompact, par exemple. On trouve enfin l’autopartage, que l’on définit comme étant un système de location de voitures en milieu urbain, qui permet d’utiliser les véhicules en libre-service et de façon ponctuelle.

La culture contemporaine amène aussi ses nouveautés dans le dictionnaire: métrosexuel, fashionista, nerd, saladerie et mal-logement, entre autres.

La langue française ne serait pas la langue française sans l’apparition de mots empruntés à l’anglais… Cette année, on fait la place au scrapbooking, même si on recommande collimage. On déplorera l’entrée de cheese-cake ou cheesecake, quand on peut très bien utiliser «gâteau au fromage».

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Certains mots existants sont maintenant bonifiés de sens nouveaux, comme viral et profil en informatique, ou sont placés dans des contextes ou des locutions nouvelles.

Parmi ceux-ci, on retrouve entre autres le «pétage de plombs» ou le «bonus écologique».

Le Larousse accorde toujours une place de choix à la langue de la Francophonie, aux particularités régionales. Aussi trouvera-t-on certains canadianismes ou québécismes qui trouvent enfin leur reconnaissance.

Il est désormais tout à fait légitime de faire une brassée de lavage, de subir une chirurgie d’un jour, de manger des barres tendres, d’utiliser du rince-bouche après avoir mangé de la relish, de se débarrasser d’un citron en raison de ses défauts de fabrication, de gratter une gale ou de donner quelques pièces de monnaie à un itinérant.

L’autre avantage du Larousse demeure le fait d’intégrer une partie des noms propres entre les deux mêmes couvertures que la partie consacrée à la langue française. Au nombre des nouveaux venus dans l’édition 2011, on retrouve les Canadiens Wajdi Mouawad, James Cameron, Marie Chouinard et Alice Munro.

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Parmi les autres personnalités qui font leur entrée, notons Sean Penn, Sabine Azéma, Régis Debray, Françoise Hardy, Philippe Geluck et Penelope Cruz. Le G20 est maintenant listé dans les noms propres, tout comme Wikipedia et Google.

Le Petit Larousse demeure donc un ouvrage bien de son temps, malgré ses 106 ans bien sonnés.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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