Sommet de Vienne sur le VIH, une criminalisation utile?

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Publié 27/07/2010 par Guillaume Garcia

Cécile Kazatchkine travaille pour le Réseau juridique canadien VIH-SIDA. Elle était à Vienne du 18 au 23 juillet pour la 18e conférence internationale sur le SIDA intitulée «Rights Here, Right Now». Plus que sur les traitements, le sommet s’axait sur les droits humains chez les gens touchés par le VIH-SIDA, la stigmatisation des drogués, des prostituées ou encore des gais. Selon elle, on ne pourra vaincre l’épidémie sans intégrer les droits humains au coeur des réponses.

Contactée vendredi par L’Express, Cécile expliquait comment la veille, une grande marche avait été organisée par les participants à la conférence pour demander que les gouvernements se penchent sur les droits humains pour les personnes malades du VIH-SIDA. Près de la moitié des participants y ont pris part selon elle.

Des droits bafoués

Même si le traitement qui pourrait guérir du SIDA n’existe pas, les nouvelles tri-thérapies ont permis d’endiguer l’épidémie dans plusieurs pays. Mais le regard des gens n’a pas changé pour autant sur une personne infectée. C’est pourquoi cette 18e conférence internationale se penchait sur le cas des droits humains.

«Ces droits sont encore régulièrement violés. Il faut que les législations protègent ces droits», indique Cécile Kazatchkine.

À Vienne, le Réseau juridique canadien s’occupait d’une zone de réseautage et participait à différentes conférences et sessions d’information dont une sur les droits des femmes en Afrique et les politiques de dépistages et leurs potentielles répercussions.

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La conférence qu’attendait Cécile portait sur la criminalisation du VIH-SIDA.

Le Canada se fait remarquer

En troisième position dans le monde en nombre de cas de criminalisation traités, le Canada inquiète les travailleurs dans le domaine du VIH-SIDA.

Ils considèrent qu’une telle criminalisation peut faire des ravages, les personnes infectées osant encore moins l’avouer de peur de se retrouver poursuivies.

La loi canadienne relative à la criminalisation de la transmission du virus reste floue. Quelqu’un peut être jugé coupable s’il avait conscience au moment de l’acte qu’il avait un risque significatif de transmission du virus.

«On a des raisons de croire que ce n’est pas une réponse efficace à l’épidémie, ça renforce la stigmatisation. Au Canada l’idée n’est pas claire et il y a une inconstance dans l’interprétation», avance Cécile. «Ce manque de clarté ouvre la porte à plus de poursuites», enchaîne-t-elle.

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Une cinquantaine de pays

Dans certains pays, des personnes ont été traduites en justice pour transmission du VIH alors que la relation en question était protégée par un préservatif.

Ce type de lois se développe de plus en plus, une cinquantaine de pays auraient déjà des lois criminalisant la transmission du VIH.

Cécile Kazatchkine a présenté, lors du sommet, un guide de ressource que le Réseau juridique canadien a mis en place en partenariat avec d’autres associations comme AIDS, à destination des avocats et des juges. «On essaie d’apporter une réponse pragmatique à la criminalisation et de défaire les clichés de la stigmatisation», développe la spécialiste.

Les messages clés

Lors de cette conférence, des messages clés, et clairs ont été envoyés aux dirigeants des grands pays.

Parmi les grandes idées qui se sont dégagées du sommet, l’accès universel au traitement est revenue en force dans les débats. Cette promesse de l’ONU n’a pas été tenue pour le moment et cela empêche de combattre efficacement la propagation du virus.

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L’ONU voulait renverser la propagation du virus d’ici 2015 et devait permettre l’accès universel en 2010. Ce n’est pas encore le cas pourtant.

Cécile avance que seulement «un tiers des personnes qui devraient bénéficier d’un traitement VIH seraient sous traitement, ce qui est très peu».

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme devait mettre 20 milliards $ pour atteindre ces objectifs, mais les fonds ne sont toujours pas là.

Bon nombre de spécialistes expliquent que le traitement est une forme de prévention et que si tout le monde avait accès à ces traitements, le nombre de cas serait moindre.

Un autre message envoyé aux gouvernements a été de leur demander de cesser leur combat acharné et leur criminalisation de groupes de personnes très touchés par le VIH, comme les drogués ou les prostituées, par exemple.

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Lorsque le gouvernement canadien a fait savoir qu’il garderait la même ligne de conduite sévère, des activistes ont pris d’assaut le kiosque canadien de Vienne.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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