Coupe Stanley et autres trucs sportifs

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Publié 15/06/2010 par Martin Francoeur

Ça y est. C’est terminé. La saison 2009-2010 de la Ligue nationale de hockey vient de prendre fin avec la victoire des Blackhawks de Chicago en finale de la Coupe Stanley. C’était d’ailleurs la première fois en 49 ans que l’équipe de l’Illinois remportait la coupe Stanley. Sans doute un grand soulagement pour les partisans…

Vous avez remarqué quelque chose de bizarre dans le paragraphe précédent? C’est une entrée en matière qui a l’air tout à fait normale et inoffensive sur le plan linguistique. Mais elle cache un joli problème d’utilisation de la majuscule. Pourquoi écris-je «Coupe Stanley» avec un grand «c» et pourquoi cette capitale initiale tombe-t-elle tout de suite après? Encore une des belles fantaisies de notre langue française.

La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française nous apprend que les dénominations françaises de manifestations sportives – comme un championnat ou des jeux – prennent une majuscule au premier nom et à l’adjectif qui le précède, le cas échéant.

Par contre, lorsqu’on parle d’un trophée comme objet, on doit l’écrire avec une minuscule. D’où la confusion.

Le trophée et le Tournoi

Dans le cas de la coupe Stanley, on peut l’écrire avec la minuscule lorsqu’on parle du trophée lui-même. Les Blackhawks ont donc remporté la coupe Stanley. Les joueurs ont pu porter la coupe Stanley à bout de bras. Ils ont peut-être bu à même la coupe Stanley. Et ils verront leur nom gravé sur la coupe Stanley.

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C’est la même règle que pour le joueur qui remporte, par exemple, le trophée Conn-Smythe ou le trophée Lady-Byng. Ou pour l’équipe qui gagne la coupe Grey. Ou le footballeur qui remporte le trophée Vince-Lombardi.

Le recours à la majuscule se produit lorsqu’on parle du championnat. On pouvait donc dire que les Flyers de Philadelphie et les Blackhawks s’affrontaient en finale de la Coupe Stanley. Ou que le Canadien de Montréal s’est rendu assez loin dans les séries de la Coupe Stanley.

La Coupe du monde

On dira donc, suivant la même logique, que l’Afrique du Sud accueille cette année le monde entier pour la Coupe du monde de soccer. La majuscule est nécessaire parce qu’on parle de l’événement, du championnat en tant que tel.

Évidemment, ça peut devenir ambigu quand on décide de faire une ellipse et de dire qu’on entend parler de la Coupe Stanley jusqu’en juin. Entend-on parler du trophée? Peut-être, mais on entend surtout parler des séries de la Coupe Stanley jusqu’aux portes de l’été. Dans ce cas, la majuscule elliptique pourrait être tolérée.

La règle qui distingue le trophée de l’événement est à toutes fins utiles la même que celle qui concerne les manifestations commerciales ou culturelles. On peut souligner l’Année internationale des réfugiés, la Journée internationale de la lutte contre le sida. On peut assister au Carnaval de Québec, au Festival western de Saint-Tite, au Salon du livre de Toronto.

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Le Prix de la complexité

Si on trouve que la règle de la minuscule aux trophées est complexe, il faut admettre que la règle pour le mot «prix» l’est tout autant, sinon plus.

L’Office québécois de la langue française, tout comme plusieurs ouvrages de référence, nous dit que «les noms propres de prix, de distinctions et de trophées prennent une majuscule au premier nom (générique) et à l’adjectif qui le précède, si ce nom est suivi d’un complément déterminatif ou d’un adjectif.»

On nous apprend aussi que si le nom générique est immédiatement suivi d’un nom propre, il garde la minuscule. On doit évidemment mettre la majuscule initiale à ce nom propre, qui est généralement un nom de lieu ou de personne.

Aussi écrira-t-on le prix Goncourt, le prix Fémina, le trophée Prince-de-Galles, le prix Nobel de littérature. Mais on devra utiliser la majuscule pour parler des Prix du Gouverneur général, de l’Ordre du Canada, de l’Oscar du meilleur film, de la Médaille d’honneur ou du Grand Prix de la critique.

L’Oscar de la meilleure chronique

Il peut arriver que les noms de trophées perdent leur majuscule lorsqu’ils deviennent des noms communs. On pourra parler d’un film qui récolte plusieurs oscars, dont l’Oscar du meilleur réalisateur.

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Tout ça est un peu déroutant. J’ai presque envie de décerner un trophée à quiconque saura bien maîtriser cette règle.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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