La plupart des chroniques que j’ai signées dans ces pages depuis que je collabore à L’Express ont porté sur des sujets touchant la langue française écrite plutôt que parlée. Récemment, un lecteur anglophone, mais francophile me demandait s’il existait des listes de phrases difficiles à prononcer, histoire d’améliorer son français parlé. Je me suis alors lancé dans la recherche de virelangues. Et les découvertes que j’ai faites sont fascinantes.
Il convient d’abord de s’intéresser à ce mot qui, à mon avis, est un fort joli terme pour exprimer ce qu’il désigne. Même si, de prime abord, le mot «virelangue» est un calque de l’anglais «tongue twister», il n’en demeure pas moins qu’il est parfaitement construit d’un verbe et de son complément, comme plusieurs mots composés ou soudés. Et il représente fort bien cet exercice qui nous force à virer la langue lorsqu’on l’accomplit.
Le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française nous dit qu’un «virelangue» est une phrase, construite à partir d’une succession de consonnes semblables, difficile à prononcer rapidement sans faire d’erreur.
On indique que le mot a des synonymes: «fourchelangue» et «casse-langue», dont les graphies nous ramènent au débat sur la soudure des mots composés. Mais c’est justement un tout autre débat.
Jouer avec les mots
Le virelangue a d’abord une fonction ludique. Il s’agit, en fait, d’une façon de jouer avec les mots. Mais au-delà de cette fonction, on confère au virelangue un rôle éducatif et correctif. Chaque langue a ses virelangues. Il suffit de consulter l’entrée «virelangue» dans Wikipédia pour avoir des exemples de ces exercices abracadabrants dans pas moins de dix-sept langues, dont le français.