La romancière Micheline Duff a entrepris de raconter une saga qui nous ramène à l’époque de l’exode québécois vers la Nouvelle-Angleterre, à la fin des années 1800. Dans Au bout de l’exil, tome 1 – La Grande Illusion, elle mêle allégrement vérité et fiction pour nous faire vivre «les réalités et les règles de la vie et de la mort, celles de la survie aussi».
Ce sont les secrets de famille d’une amie et de captivantes recherches qui ont amené Micheline Duff à écrire cette poignante saga qui débute au Saguenay en 1880. Joseph Laurin, qui vient de perdre sa femme, décide de tourner la page et de quitter sa vie misérable de fermier-bûcheron. Il le fait de façon on ne peut plus dramatique. Il part avec ses trois filles, confiant de faire fortune dans les manufactures de la Nouvelle-Angleterre.
Le titre du roman apparaît à la page 16, dans une phrase qui montre la détermination de Joseph Laurin: «Si le bonheur se trouvait ailleurs, au bout de l’exil, il irait jusque-là.» L’«ailleurs» fait rêver Joseph. Parti à la recherche d’un emploi aux États-Unis, il traverse la frontière en se disant qu’il a quitté le dénuement pour la prospérité, qu’il a laissé le deuil et les souvenirs amers derrière lui, confiant d’embrasser la résurrection, la renaissance.
Pour Joseph Laurin, Lowell (Massachusetts) est synonyme de «l’argent facile à ramasser», de «l’abondance, l’opulence, le bonheur total». Pourtant, il met beaucoup de temps à arriver à Lowell où des milliers de Canadiens français travaillent dans les manufactures de textile. En route, il rencontre une veuve qui lui fait vite oublier sa Rébecca. Alors que sa défunte femme «lui parlait de décence et de devoir conjugal», l’Américaine se montre «pétillante et affriolante, sensuelle, même.»
La trame romanesque repose sur plusieurs rebondissements où s’entremêlent rêves et illusions, amour et haine, ambitions démesurées et exploitation des travailleurs. Tout y est pour que le lecteur tourne avidement les pages, la curiosité piquée à vif et le cœur vibrant d’émotion.