Au fil des ans, je suis devenu de plus en plus réfractaire au réflexe festif qui semble relever strictement d’un conditionnement social et forcément économique. Rien de tel que ce gros barbu tout de rouge vêtu, avec sa tronche de robineux, pour m’inciter à me dénicher une île déserte où je me réfugierais, seul avec mes disques de Léo Ferré, jusqu’au 2 janvier. Et ce n’est pas le climat actuel en notre beau pays (hormis le cirque parlementaire, qui est assez réjouissant) qui me fournirait des raisons de changer mon fusil d’épaule à la Jimmy Stewart dans It’s A Wondeful Life. Mais qu’importe, puisque ce n’est pas pour moi que je me suis farci la récolte annuelle de disques de Noël – c’est pour vous, chers lecteurs de L’Express.
Commençons par le commencement, c’est-à-dire la petite enfance, puisque c’est surtout pour le bonheur des gamins que l’on s’évertue à créer ce simulacre de magie, non? Et c’est à une fille de Cumberland, Johanne Lefebvre, alias Jojo, que l’on doit Jojo et le Noël des animaux (Distribution APCM), un disque qui offre à son public-cible une douzaine de chansons originales cosignées par Brian St-Pierre, lui aussi une présence constante sur la scène franco-ontarienne. La production n’a rien pour concurrencer le dernier opus de Michael Jackson, mais cela demeure professionnel, et Jojo pourrait bien réussir auprès des touts-petits ce que le tandem Paquette-Labelle avait fait auprès de la population en général: créer un repère – et un rituel – de Noël franco-ontarien.
Pour les familles qui voudraient reprendre en chœur ces nouvelles chansons, façon karaoké, Jojo a même inclu les versions instrumentales, les paroles se trouvant sur son site (www.jojo.ca), où vous pourrez également noter les dates de sa tournée de Noël.
Changeons de registre et de province, si vous le voulez bien. Blou, le groupe fondé par Patrice Boulianne, est originaire de Nouvelle-Écosse, et ce Noël Blou (Communications à l’infini) est pétri comme il se doit d’influences acadiennes, mais aussi cajun et blues, entre autres. Le show du même nom est plébiscité par le public, tant en Acadie qu’au Québec, où il est en passe de remplacer la kermesse annuelle de la Bottine Souriante. Pour ceux qui ne pourront pas y assister en chair et en os, Blou a pris soin d’inclure un DVD qui témoigne de l’énergie contagieuse dont Patrice, son accordéon, ses musiciens et le Choeur du Nouveau Monde sont capables quand ils s’y mettent.
Angèle Dubeau, qui a toujours su concilier l’art et le commerce, a peut-être trouvé la meilleure solution pour ceux qui se demandent si tel ou tel parent éloigné, telle ou telle collègue de bureau mérite un cadeau ou une simple carte de souhaits. Pourquoi, dans un tel cas, ne pas offrir une carte-cadeau? Il s’agit d’orner ladite carte d’un joli tableau (en l’occurence, Le violon magique, du peintre Carlito Dalceggio), d’inclure un CD rassemblant quelques pièces de circonstance (un pot-pourri d’airs de Noël et une reprise de What A Wonderful World, avec l’ensemble La Pietà, et l’Ave Maria de Schubert avec les Petits Chanteurs du Mont Royal), et le tour est joué. À vrai dire, ce n’est pas Angèle qui a créé le concept du la carte-cadeau musicale, mais avec l’appui de sa maison de disques, Analekta, elle en a fait quelque chose de très classe. Et pour le prix d’une carte de souhaits “design” (environ 5,00 $), il y a là de quoi faire le bonheur de tous les mélomanes sur votre liste.