Élections canadiennes: le contraste a gagné

169 Libéraux, 144 Conservateurs, 22 Bloquistes, 7 NPD, 1 Vert

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Le premier ministre du Canada, Mark Carney.
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Publié 29/04/2025 par François Bergeron

Les Canadiens ont confirmé l’économiste et banquier Mark Carney dans son nouveau poste de premier ministre du Canada en élisant une pluralité – mais pas une majorité – de candidats de son Parti libéral au Parlement ce lundi 28 avril.

Les Libéraux ont remporté 169 circonscriptions d’un océan à l’autre avec 43,7% des suffrages, contre 144 aux Conservateurs (41,3%), 22 au Bloc québécois (6,3% à l’échelle du pays, 28% au Québec), 7 au Nouveau Parti démocratique (6,3%) et 1 au Parti vert (1,2%).

Nous nous retrouvons donc, comme la dernière fois, avec un gouvernement libéral minoritaire (à 3 sièges de la majorité!) qui pourrait s’appuyer sur le NPD et/ou le Bloc pour faire adopter ses projets de loi à la Chambre des communes.

Cela reste une victoire impressionnante pour les Libéraux, qu’à la fin de 2024 on donnait encore battus à plate couture – sous Justin Trudeau ou n’importe qui – et remplacés par des Conservateurs majoritaires.

Anti-Trump

On sait ce qui s’est passé: le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ses menaces d’annexion du Canada et ses tarifs douaniers. Mais aussi le contre-exemple offert à Washington par l’application désordonnée de mesures de réduction des dépenses et de déréglementation, en plus de dérives autoritaires inquiétantes.

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Soudainement, un grand nombre de Canadiens se sont mis à la recherche d’un «sauveur» qui incarnerait tout le contraire de Trump: le calme et l’esprit de conciliation, l’expérience des turbulences économiques, des relations privilégiées avec nos alliés, la perspective de réformes réfléchies là où il en faut, sans tout casser. Bref: Mark Carney.

Pierre Poilievre n’a pas su pivoter (il y a un an, pas au milieu de la campagne électorale) d’un mode populiste juvénile clivant à la Trump, vers une attitude d’aspirant premier ministre plus sérieux.

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Le chef conservateur Pierre Poilievre.

Avec ou sans Trump

C’est dommage: plusieurs éléments du programme conservateur étaient valables. Même ceux qui pouvaient paraître inspirés de Trump.

Avec ou sans Trump, un changement plus radical que celui promis par les Libéraux est nécessaire au Canada pour inverser le déclin des dernières années. Il faut rééquilibrer les finances publiques, dynamiser et diversifier l’économie, revaloriser nos ressources énergétiques, promouvoir le libre-échange interprovincial, mieux contrôler l’immigration, s’affranchir des niaiseries wokes et de la psychose sur les changements climatiques, redonner confiance aux jeunes et aux entrepreneurs, etc.

Avec Trump, ce changement est encore plus nécessaire pour véritablement «renforcer» et «protéger» le Canada. Mark Carney a déjà pigé dans le programme conservateur pour affirmer son pragmatisme: c’est de bon augure pour la suite des choses.

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Dans son discours de victoire, Carney a notamment affirmé que la francophonie est une caractéristique fondamentale du pays. Bravo!

Retour du bipartisme

Même si le vote conservateur reste très fort en Alberta et en Saskatchewan, et plus faible au Québec qu’ailleurs, chacun des deux principaux partis compte des élus dans les cinq grandes régions du Canada. C’est sain pour la démocratie et pour l’unité du pays.

Les Conservateurs ont progressé partout, mais Pierre Poilievre n’a pas été élu dans sa circonscription de Carleton (voisine de Nepean, celle de Mark Carney). Ça va compliquer les choses pour lui et son parti.

Jagmeet Singh est arrivé troisième dans son comté de Burnaby, en Colombie-Britannique, la province où les deux grands partis sont à égalité. Son départ facilitera la reconstruction du NPD.

L’inutile Parti populaire de Maxime Bernier (des conservateurs sur stéroïdes) récolte moins de 1% du vote, comparé à 5% en 2021. Bon débarras!

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On serait tenté de dire la même chose du Parti vert et du NPD, si on considère leurs membres comme des Libéraux un peu plus pressés ou radicaux, qui devraient plutôt s’activer au sein du Parti libéral. Comme on trouve divers courants de pensée qui ne cohabitent pas toujours en parfaite harmonie au sein du Parti conservateur, mais qui travaillent ensemble parce que la victoire en dépend.

Succès

Et quid de la réforme électorale? Personne n’en a parlé. Je ne sais pas quels résultats aurait donnés un système à choix hiérarchisés dans chaque circonscription, mais c’est un chantier qu’on ne doit pas abandonner. (Et la monarchie? OK, j’arrête ici!)

Les Canadiens ont confié un quatrième mandat aux Libéraux, qui est surtout un premier mandat à Mark Carney. Reconnaissons que ses défis sont aussi nos défis à tous. Souhaitons-lui et souhaitons-nous bon succès.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et numériques, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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