«La cible de 10% d’immigrants francophones, c’est beaucoup demander à mon ministère» – Marc Miller

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Marc Miller le ministre de l'Immigration. Photo: Inès Lombardo, Francopresse 
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Publié 07/11/2024 par Inès Lombardo

L’immigration n’est pas l’unique solution pour rétablir le poids démographique des francophones hors Québec, a affirmé le ministre Marc Miller devant le Comité permanent des langues officielles du Sénat, le 4 novembre.

S’il pense que la cible de 6% d’immigrants francophones pour 2024 sera «largement atteinte, à moins d’un revirement majeur», le ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, assure que l’immigration est «indispensable», mais qu’elle n’est pas la «solution à tout».

«C’est la clé de la revitalisation des communautés» francophones à l’extérieur du Québec, a-t-il tout de même assuré au président du Comité, le sénateur acadien René Cormier.

Le ministre témoignait sur deux sujets liés à la francophonie minoritaire: l’immigration et les conséquences du plafonnement des permis pour des étudiants internationaux pour les établissements postsecondaires.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé des cibles progressives afin d’atteindre 10% d’immigration francophone à l’extérieur du Québec en 2027.

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Pour une bonne intégration des immigrants

Mais une cible de 10%, «c’est beaucoup demander à mon ministère, mais aussi aux communautés, qui ne sont pas nécessairement habituées à voir de nouveaux arrivants, surtout dans un petit village, où il y a deux maisons de libres. Ça peut poser des problèmes d’intégration et de migration vers les grands centres, où il y a plus de logements», a-t-il déclaré en entrevue avec Francopresse, en marge du Comité.

«Il faut regarder ce qui est réalisable. En politique, la pire chose est d’entretenir le faux espoir. Je voulais donner un coup de barre à mon ministère pour augmenter le nombre d’immigrants francophones», a-t-il fait valoir devant les sénateurs.

Pour Marc Miller, l’une des solutions autre que l’immigration pour contrer la baisse du poids démographique des francophone repose surtout sur une bonne intégration des immigrants déjà présents avec l’assurance d’obtenir des services en français, l’accès à l’éducation et aux soins de santé, «dans les régions historiquement bilingues comme le Nouveau-Brunswick, ou celles qui ont une forte proportion de francophones», a-t-il confié à Francopresse.

L’accompagnement par les provinces comme solution

Selon lui, l’accès à ces services ne peut se faire sans un engagement des provinces en la matière.

À la question de la sénatrice franco-ontarienne Lucie Moncion, qui a demandé quel était l’engagement des provinces en immigration francophone, le ministre a répondu que celui-ci était «souvent mitigé» : «Ça dépend de la mouture politique. Au Nouveau-Brunswick, j’ai plus d’espoir aujourd’hui que je ne l’avais il y a deux semaines. La collaboration dépend de la province en question.»

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«Ça incombe au gouvernement de l’Ontario de s’assurer que les Franco-Ontariens puissent avoir des services de qualité en français. Ça prend une réflexion de société», a ajouté le ministre, en entrevue avec Francopresse.

Marc Miller plaide aussi pour un processus «d’accompagnement» des immigrants comme solution, en parallèle des cibles d’immigration francophone. Sans cet accompagnement, il n’y a pas de rétention possible, estime-t-il: «C’est très important, sinon on manque notre coup.»

Et l’accompagnement commence «par les maires ou les organisations qui les entourent», maintient le ministre: «Il faut un engagement politique de tous les partis, peu importe à quel palier, pour un bon accompagnement.»

Miser sur la qualité, pas la quantité

Le ministre a également souligné «le manque flagrant de responsabilité des provinces» quant à la gestion du nombre de permis d’étude délivrés aux étudiants étrangers, plafonné en début d’année par le gouvernement fédéral.

En comité, le ministre Miller a accusé «beaucoup d’institutions» postsecondaires d’avoir privilégié «la quantité sur la qualité» pour faire plus d’argent.

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Il a répondu avec vigueur sur la question des étudiants étrangers. «La modernisation de la Loi sur les langues officielles ne donnait pas nécessairement un passe-droit à toutes les institutions francophones d’aller se payer n’importe qui, n’importe comment avec les vannes ouvertes, simplement par prétexte qu’ils ont à cœur le fait français. Il fallait agir et limiter le volume pour miser sur la qualité. Je tends la main à ces institutions pour qu’on assume notre responsabilité de bien accueillir ces jeunes adultes dans des communautés qui leur sont nouvelles, quitte à pouvoir les accompagner dans la résidence permanente par la suite.»

Comme conséquence, selon le ministre, il y a des étudiants «fragilisés» qui demandent l’asile au Canada. «Ce n’était pas l’idée. Les gens n’ont pas la perspective de devenir des résidents permanents ou des citoyens.»

«Malgré moi transformé en ministre fédéral de l’Éducation»

«Je n’ai jamais demandé aux institutions francophones, anglophones ou autres de facturer quatre fois le prix qu’un étudiant [canadien] pourrait payer dans les universités. Il y a eu un manque de responsabilité flagrant à certains égards. Le gouvernement fédéral se devait d’agir», a-t-il encore insisté.

Le ministre a annoncé cet été le lancement du Programme pilote pour les étudiants dans les communautés francophones en situation minoritaire (PPECFSM), qui soustraira des étudiants internationaux francophones du plafond imposé pour le nombre d’étudiants étrangers, non francophones.

Il s’agit d’une autre manière, selon lui, d’augmenter le nombre d’immigrants francophones, en privilégiant l’accès à la résidence permanente pour ces étudiants. «Car ils ont un début d’intégration au pays», a-t-il justifié.

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En entrevue avec Francopresse après le comité, Marc Miller déplore: «Je me suis transformé malgré moi en ministre de l’Éducation fédéral. Je ne voulais pas ce rôle, mais j’ai dû l’assumer.»

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