Mardi dernier, dans la Galerie Glendon de l’Université York, situé au 2275 avenue Bayview, un large groupe de personnes s’arrêtaient, dès l’entrée, pour regarder une vidéo des plus étranges. Un homme rampant de tout son corps, le long de la rue Queen, avec un champ placé sur le dos. Il s’agissait en réalité d’un vernissage qui présentait une exposition singulière, Pénitence et Dévotion. Une exposition composée de ladite vidéo mais aussi de peintures, le tout réalisé par un seul et même artiste, Gareth Bate. Celui qui fut choisi par la Galerie Glendon pour inaugurer sa nouvelle saison culturelle.
Dans la vidéo, ce qui est saisissant, c’est de voir la réaction de passants, certains indifférents, d’autres soucieux de voir cet homme tirer son corps de la rue Soho à l’avenue Spadina. Plusieurs ne parviennent guère à dissimuler leur amusement aussi. Quelques-uns brandissent leur cellulaire et le prennent en photo. Mais le geste de cet homme n’était pas tant d’amuser les piétons que de les interpeller sur une toute autre problématique. «Je me sentais dépassé par l’accumulation des problèmes environnementaux et aussi impuissant dans mon action. J’ai donc réalisé cette vidéo qui est une autopunition, ma façon de montrer ma culpabilité face à cette dévastation», explique l’artiste.
Le port d’un champ, accompagné d’un titre tel que Pénitence, rappellerait pour nombre d’entre vous le port de croix de Jésus. Bien que l’artiste n’eût pas pour intention d’imbiber son travail dans le religieux, son dessein n’en était pas moins de reprendre le message de souffrance de cet épisode biblique. «C’est davantage le symbolisme que j’ai voulu retranscrire, la souffrance, la culpabilité et surtout l’humiliation», décrit M. Bate.
Sur les hauts murs blancs de la galerie, de grandes et petites peintures de la série Lamentations y sont exposées. Les thèmes redondants de nature et de destruction y sont dépeints de manière sombre et pessimiste. Et pourtant si l’on y regarde de plus près, ces champs sont sillonnés à chaque fois d’un sentier tortueux mais bien présent. «Le foisonnement de l’herbe donne cette impression d’y être et le petit chemin que j’ai peint inconsciemment est un message d’espoir dans la peinture», poursuit-il.
Un détail encore qui retient l’attention est certainement les lieux où ces paysages ont été peints. Non pas imaginaires ou lointains, ils sont voisins pour nombre d’entre eux. Gareth a ainsi peint quelques pièces de la série Lamentations au Grenadier Pond situé à High Park.