Et le nu devint tenue

La pudeur des icebergs de Daniel Léveillé

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Publié 30/09/2008 par Khadija Chatar

Les 2 et 3 octobre, La pudeur des icebergs, la dernière chorégraphie de Daniel Léveillé sera présentée au Premiere Dance Theatre, situé au 55 rue Mill. Une chorégraphie singulière où la peau devient le costume du danseur du début à la fin.

La pudeur ne serait-elle pas alors impropre pour décrire cette pièce? «Tout a commencé en 2001 alors que je travaillais sur la pièce précédente, Amour, acide et noix. J’ai demandé à mes danseurs de travailler le moins vêtu possible. Je sentais que j’approchais de quelque chose d’unique. Pour aller au bout de mon idée, je leur ai demandé de travailler complètement nu. À ce moment, c’était le vrai impact, une évidence! Le sens avait changé totalement. Ceci est arrivé non seulement, parce que c’était des jeunes danseurs mais aussi, parce que nus, sans vêtements, ils n’étaient plus aussi séduisants. On est passé de la séduction à une sorte de vérité», répond Daniel Léveillé en entrevue à L’Express.

La pudeur des icebergs met en scène cinq hommes et une femme. Le spectateur peut admirer la complexité d’un corps humain sous tous ses angles. «On voit la sueur, les organes fonctionner, les émotions, on voit même le corps penser. J’ai entendu une personne dire que l’on voit les cœurs battre», poursuit le chorégraphe.

«Dans La pudeur des icebergs, bien que j’utilise les mêmes éléments, les mêmes costumes, la chorégraphie est totalement différente. Je suis fière de constater que l’écriture chorégraphique donne un changement totalement différent à la structure de la pièce», s’enthousiasme M. Léveillé.

Bien que d’autres chorégraphes tels que José Navas et Benoît Lachambre utilisent la nudité dans leurs pièces, l’effet renvoyé dans La pudeur des icebergs reste propre au style de Daniel Léveillé. «La nudité est esthétique, j’utilise des positions immobiles que les danseurs vont éclater d’une certaine façon par une chute au sol ou par un saut par exemple», précise le chorégraphe.

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Daniel Léveillé est aussi professeur au Département de danse de l’Université du Québec à Montréal où il enseigne la composition et la chorégraphie. Pour sa pièce Amour, acide et noix, le chorégraphe a reçu le prix Dora Moore 2004 du Toronto Alliance for the Performing Arts.

«C’est la première fois que je présente La pudeur des icebergs à Toronto et je suis vraiment très content d’y retourner. J’adore présenter mon travail dans cette ville. Je viens d’une époque où il y avait peu de chorégraphes au Canada et donc on se connaissait tous. Je trouve, qu’aujourd’hui alors que la danse a pris plus d’ampleur, il y a, malheureusement, très peu d’échanges au niveau de la danse entre Montréal et Toronto. Pourtant, Montréal a pris une forte proportion en danse. De plus en plus de compagnies tournent internationalement. On pourrait tellement bénéficier des uns et des autres», regrette le chorégraphe.

La pudeur des icebergs serait donc une expérience qui rééduque le regard du spectateur où très vite le malaise s’évanouit pour faire place à une redécouverte d’un tableau originel où les portions conventionnelles font place à l’unité élémentaire.

Cette chorégraphie présentée par DanceWorks fait partie du programme Québec Now! du centre Harbourfront. Prix des places: 28 $ (18 $ étudiants et 3e âge) Info: 416-204-1082, www.danceworks.ca

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