Le Salon du livre de Toronto vient d’annoncer les finalistes 2008 de son prix littéraire Christine-Dumitriu-van-Saanen. Il s’agit de Paul-François Sylvestre, de Toronto, pour Toronto s’écrit : la Ville Reine dans notre littérature (essai, publié par le GREF), Michèle Matteau, d’Ottawa, pour Passerelles (poésie, publié par L’Interligne) et Antonio d’Alfonso, d’Ottawa, pour L’aimé (roman, publié aux éditions Leméac).
Toronto s’écrit : la Ville Reine dans notre littérature est un texte minutieux, bien documenté, qui fait connaître Toronto par le biais de la littérature, c’est-à-dire près d’une soixantaine de textes d’écrivains et de mentions de revues littéraires et académiques traitant de la Ville Reine. Le volume consiste surtout d’extraits d’oeuvres évoquant Toronto, mais il aborde également l’histoire de la ville, sa toponymie française et la chronologie de sa composante francophone. C’est un ouvrage magnifique, abondamment illustré, écrit par un historien et écrivain franco-ontarien de talent, avec la collaboration d’un éditeur chevronné, qui a le goût de la perfection.
Le recueil de poésies Passerelles évoque avec sensibilité et pudeur le souvenir d’ami(e)s disparu(e)s en faisant remonter du passé toute la densité de détails concrets et de moments partagés. Ainsi se tissent des liens entre les vivants et les morts, des passerelles qui, au dessus du vide cosmique, conjurent un destin qui nous voue à l’éphémère. C’est dans une langue simple et épurée à laquelle elle confère une remarquable force évocatrice que l’auteure traite des grands questionnements de notre condition humaine et qu’elle parvient, sereinement, à dresser un ultime rempart contre cette seconde mort qu’est l’oubli.
L’aimé construit, un peu à la façon d’un documentaire, le portrait du cinéaste montréalais d’origine italienne Fabrizio Notte, à partir des témoignages, à la première personne, de femmes narratrices qui l’ont connu ou croisé, aimé ou détesté. Ce sont des femmes de sa famille, des amies, des amantes. Ainsi se compose progressivement, à la façon d’un Picasso, le tableau kaléidoscopique d’un homme qui peut être aussi tendre que goujat, aussi sûr de lui jusqu’à l’arrogance que désemparé et inquiet. Le principe de création est ingénieux, original et mené tambour battant.