Promesse de puissance et de guérison rapide, le muscle artificiel fait déjà rêver les athlètes. L’avenir du sport se cache-t-il dans les polymères?
«Nous y travaillons, mais nous sommes encore loin de tout ça», tempère Julian Zhu, professeur et titulaire de la Chaire canadienne de recherche en biomatériaux polymères.
Pour élaborer des muscles artificiels, il faut concevoir un tissu musculaire capable de se déformer à la demande, de s’allonger et de se raccourcir rapidement et surtout de générer de la puissance. Pour l’instant, seul le matériau humain permet de faire tout cela.
Dans son bureau de l’Université de Montréal, le chercheur dévoile les dessous du processus de déformation des fibres polymères. Et sur le tableau, tout a l’air simple. Il suffit de changer l’acidité du bain de composés de polybases et polyacides pour modifier l’ionisation. On provoque ainsi la contraction des fibres d’un côté ou l’autre, suivant que le mélange est basique ou acide. Pour les polymères thermosensibles, le même processus se produit en modifiant la température. Bien que le tout soit encore difficile à contrôler et donc à utiliser pour réaliser de véritables muscles, ça fonctionne déjà en laboratoire!
Les promesses des polymères
L’une des pistes les plus prometteuses provient aujourd’hui de l’intérieur même du corps. L’équipe du chercheur est parvenue à mettre au point des polymères à partir de l’acide biliaire. Ce «détergent naturel», chargé entre autres choses de nettoyer les artères encrassées de gras, constitue un formidable matériau de base pour des thermopolymères sensibles.