La marque corporelle – tatouage, piercing, flétrissure, scarifications, incrustation – est depuis l’aube des temps l’un des principaux modes d’expression de l’humanité. Dans Changer de peau: tatouages, piercings et scarifications, d’hier à aujourd’hui, Maryan Guisy s’intéresse moins à leur description mais plutôt aux motivations du geste, à ce qu’il fait entendre.
L’auteur brosse d’abord un tableau panoramique et géographique des marques corporelles dont on retrouve les traces primitives entre 38 000 et 10 000 ans av. J.-C. Il fournit une note sur l’étymologie du mot tatouage. Dans la langue polynésienne (maori), le concept de l’âme se dit «atouas». Quant au mot ta, il signifie dessin. «Le ta-outas est par conséquent la représentation des forces de l’esprit sur le corps d’une personne.»
Esclavage
Universellement partagé, le tatouage symbolise la césure entre la vie d’avant et celle d’après. Le sang versé provoque une mort fictive pour mieux renaître, une rupture radicale avec l’ancien Moi.
Les esclaves marqués au fer rouge soulignent une appropriation du maître. Dans le monde de la prostitution, des souteneurs tatouent leurs initiales sur le corps des filles. Le système concentrationnaire nazi a imposé un tatouage d’immatriculation à vocation déshumanisante.
Ces exemples de marques d’appartenance contraintes instaurent une hiérarchie entre les individus.