Des vêtements pour se protéger des ondes électromagnétiques?

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Les antennes de radio et de télévision émettent des champs électromagnétiques.
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Publié 08/10/2022 par Kathleen Couillard

La peur des ondes électromagnétiques a un impact commercial. Des compagnies proposent des dispositifs ou des vêtements pour prévenir l’exposition. Ces produits seraient toutefois inefficaces et peut-être même risqués.

Multiples sources d’ondes électromagnétiques

L’exposition aux champs électromagnétiques a augmenté au cours du 20e siècle.

Les sources d’expositions vont des téléphones cellulaires aux lignes à haute tension en passant par les prises de courant d’un domicile, les antennes de radio et de télévision, les fours à micro-ondes ou les routeurs sans fil.

La littérature scientifique s’entende pour dire que l’énergie émise au quotidien par les ondes dites «non ionisantes» est insuffisante pour avoir un impact sur notre santé.

Mais les inquiétudes ont donné naissance à une variété de dispositifs commerciaux «anti-ondes»: vêtements, rideaux blindés, peinture protectrice, gadget se fixant sur le cellulaire, etc.

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Feuille de protection contre les ondes électromagnétiques dans un téléphone. Photo: Petteri Aimonen, Wikipedia Commons

Qu’est-ce que la cage de Faraday?

Les fabricants de ces produits utilisent le principe de la cage de Faraday, une idée remontant au 19e siècle, aujourd’hui utilisée en laboratoire. Par exemple, pour protéger les équipements électroniques des interférences.

Le principe de base est celui d’une «enceinte» recouverte d’un matériau qui conduit le courant, comme une feuille métallique, ce qui empêche les charges électriques de pénétrer à l’intérieur.

Selon le magazine Physics World, bien que la façon la plus efficace de réaliser une cage de Faraday, soit d’employer des plaques de métal, un filet composé de fils métalliques pourrait aussi faire l’affaire, en particulier si ces fils sont épais et près les uns des autres.

Ainsi, afin qu’on puisse voir les aliments qui cuisent à l’intérieur, les fabricants de fours à micro-ondes vont souvent utiliser une vitre avec une feuille de métal percée de trous, ce qui équivaut à un treillis de fils larges. Les auteurs notent toutefois que ce type de barrière n’est pas parfaitement étanche aux ondes.

C’est le même principe qu’utilisent les dispositifs commerciaux. Qu’il s’agisse de vêtements, de rideaux ou de pellicules protectrices, ils contiennent un enchevêtrement de fils métalliques qui ont pour objectif de refléter les ondes électromagnétiques.

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Trousse de détection des basses et hautes fréquences.

Est-ce utile?

Des chercheurs grecs qui ont rédigé un article sur l’efficacité et la sécurité de ces produits en 2019 soulignent toutefois plusieurs problèmes.

Par exemple, les dispositifs utilisés pour «isoler» complètement une maison des champs électromagnétiques peuvent augmenter l’intensité des ondes provenant de l’intérieur du domicile — comme les appareils électroménagers — puisque celles-ci ne peuvent plus s’échapper.

Par ailleurs, puisque ces objets reflètent en partie les ondes qui les frappent, l’intensité augmente d’un côté en même temps qu’elle diminue de l’autre.

Par conséquent, l’isolation partielle d’une maison — comme le fait de traiter uniquement certains murs — pourrait créer des interférences et donc, augmenter l’intensité des champs électromagnétiques dans les autres secteurs de la maison.

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Casquette de protection contre les ondes ambiantes.

Exposition inégale aux ondes électromagnétiques

Les mêmes principes s’appliquent aux vêtements. Comme les interférences dépendent de la position de la personne par rapport à la source et que les gens bougent, cela peut créer des zones de plus haute intensité sur les parties du corps non protégées, comme la tête et les mains.

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Pour ce qui est des dispositifs qui se fixent sur les téléphones cellulaires, la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis recommandait dès 2011 de s’en méfier.

Quand un téléphone cellulaire reçoit un signal faible, l’appareil est conçu pour compenser en augmentant sa puissance d’émission. En interférant avec le signal du téléphone, les gadgets de protection augmentent donc ses émissions de radiations et sa consommation d’énergie.

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Collants et camisoles censés offrir une protection contre les ondes électromagnétiques.

Effet contraire à celui recherché

Bref, tous ces produits pourraient avoir l’effet contraire à celui recherché. Les chercheurs grecs déploraient d’ailleurs qu’aucun n’ait été testé dans le cadre d’un processus scientifique rigoureux.

Cette conclusion était partagée en 2014 par l’Académie nationale de médecine française, qui rappelait qu’aucune étude sérieuse n’a confirmé l’efficacité de ces dispositifs «anti-ondes» sur la santé.

De plus, reprochait l’Académie, les fabricants utilisent parfois à titre d’arguments d’autorité des articles de vulgarisation sur les rayonnements des téléphones mobiles ou des constats d’huissier, «sans la moindre valeur scientifique, mais susceptibles cependant d’impressionner par leur caractère “officiel”».

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Caleçon «anti-radiations».

Doit-on vraiment se protéger?

Il faut rappeler qu’après des décennies de recherche sur le sujet, le principal effet biologique des champs électromagnétiques à avoir été mesuré dans le corps humain est de nature thermique.

Dans tous les cas, les chercheurs grecs déjà cités rappellent que la meilleure façon de réduire l’exposition aux champs électromagnétiques est d’augmenter la distance qui nous sépare des objets.

Le champ magnétique produit par les appareils ménagers décroit en effet rapidement lorsqu’on s’en éloigne.

Selon la FTC américaine, les personnes qui veulent réduire leur exposition aux ondes électromagnétiques de leur téléphone cellulaire peuvent faire des appels brefs, utiliser le haut-parleur de l’appareil plutôt que le porter à l’oreille ou privilégier les messages textes.

Il est également préférable d’éteindre l’appareil lorsque le signal est faible, puisque le téléphone émettra davantage de signaux pour tenter d’établir une connexion.

Auteur

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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