16 des meilleurs courts-métrages européens sur DVD

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Publié 27/05/2008 par Ulysse Gry

La crème du cinéma européen débarque en Amérique du Nord. Cinema 16, après ses compilations détonantes des meilleurs courts-métrages britanniques et américains des cinquante dernières années, s’attaque cette fois-ci à l’Europe entière.

Un DVD de trois heures des plus belles réalisations du vieux continent sur un demi-siècle, qui prouve en seize actes qu’il est loin d’être dépassé. Dans ce tour d’horizon de l’émulation créative européenne, trois courts francophones se démarquent par leur originalité.

L’histoire d’un homme sans tête, d’un basketteur raté et d’un Belmondo d’opérette, pour une plongée jouissive dans le désir de créer et de renverser les normes. Trois œuvres qui ont marqué le cinéma et lancé leurs réalisateurs vers les sommets.

Fierrot le pou, de Matthieu Kassovitz. France, 9 min, 1990

Toute première réalisation de celui qui est aujourd’hui un des réalisateurs vedettes du cinéma français, ce court métrage a été tourné sans moyens financiers. Selon une anecdote révélée par Matthieu Kassovitz, c’est sa propre mère qui réalisé le montage final.

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Il s’agit d’un film sans dialogues, drôle, qui met en scène un jeune homme (Matthieu Kassovitz) essayant de jouer au basket dans un gymnase lugubre. Une jeune fille arrive, joue sur l’autre panier. La suite est un enchaînement de scène amusantes et cocasses où le jeune homme se prend pour un basketteur noir et rêve qu’il dunk.

Court-métrage à voir au moins pour les prouesses techniques de la réalisation, effectuée sans moyens.

L’Homme sans tête, de Juan Solanas. France, 18 min, 2003

Dans un décor ténébreux de ville futuriste, un homme rajuste son nœud papillon. Du haut de sa chambre érigé en tour d’ivoire, on aperçoit au loin les crachats des usines sur l’Océan rouge.

Dans un complet parfait l’homme s’attache à être propre sur lui: une apparence gracieuse qui contraste avec la crasse et la folie du monde extérieur, mais qui ne parvient pas à cacher sa maladresse. C’est que le personnage de Juan Solanas n’a aucune confiance en lui, il est en perpétuelle hésitation, ne semble pas assumer son corps. Pour cause, il n’a pas de tête.

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Il a pourtant un rendez-vous galant ce soir, et décide de s’acheter un visage. La traversée surréaliste de la ville est magnifique, mélange de décors dépravés en trois dimensions et d’acteurs en chair et en os. L’essayage de visages est encore plus intéressant.

L’exercice est l’occasion d’une démonstration de jeux d’acteurs, qui doivent simuler la découverte instantanée de leur propre tête. Et le tout sans paroles, ou seulement quelques murmures indécis lâchés à demi-mot. Sans artifices autres que la beauté de l’image, le court-métrage arrive à dégager une émotion palpable du début à la fin, en seulement 18 minutes.

L’homme sans tête est un exercice de style, une leçon de cinématographie lancée par Juan Solanas comme un pavé dans la mare. Pour lui, et il le dira à de nombreuses reprises, le cinéma doit redevenir un espace de liberté et de créativité pure. Le lieu de toutes les audaces artistiques, et non pas des produits commerciaux et stéréotypés.

Avec ce court-métrage, qui remporta un César et le Prix du jury au festival de Cannes, il rappelait simplement en 2003 l’origine du cinéma comme septième art. Aujourd’hui, il surprend toujours autant.

Je t’aime John Wayne, de Toby MacDonald. Royaume-Uni, 35 min, 2000.

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La francophonie en fait rêver plus d’un. Notamment ce jeune londonien, qui s’efforce de parler français pour ressembler à son idole Jean Paul Belmondo dans À bout de souffle.

La French-touch est ici revisitée dans un Londres en noir et blanc cherchant à ressembler à Paris, avec les mimiques des idoles du cinéma français des années 1960.

Déjanté, le film bénéficie du bon jeu de Kris Marshall (Love Actually, Four Fearthers), qui singe à merveille les figures mythiques du cinéma. Cigarette à la bouche, béret sur la tête et impair sur les épaules, il déambule halluciné dans une réalité si loin de ce qu’il imagine.

La dissonance entre son attitude de héros et l’ordinaire des rues de Londres crée un comique de situation imparable. Le rêve cinématographique et l’imaginaire du français casse-pipe et présomptueux à la Belmondo, sont abordés avec humour et dérision. Les plans sont soignés et souvent fixes pour laisser libre cours au jeu des acteurs, la plupart du temps en improvisation.

Ce premier film de Toby MacDonald avait à l’époque surpris les critiques, et remporté le Prix du meilleur court-métrage européen en 2001. Une ode gentiment dérangée au cinéma populaire, une leçon de classe à la française tournée en dérision par le savoir-faire britannique.

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