La trilogie Dans le secret des voûtes: à une époque charnière du Québec

Avec Le temps des trahisons, Josée Ouimet livre le dernier volet de sa trilogie intitulée Dans le secret des voûtes. Nous retrouvons donc les sœurs Lefebvre, dont Solange, ancienne augustine qui unit sa destinée à l’ex-soldat allemand Jörg Münsen.

Nous sommes à Québec, en 1949-1951, sous le règne de Maurice Duplessis. L’autrice décrit fort bien cette période dite de Grande Noirceur. Elle fait mention de M^gr Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal, qui a dû démissionner en raison de son opposition au diktat du «Cheuf» Duplessis. Elle ne mentionne pas qu’il était Franco-Ontarien.

Depuis la fin de la guerre

Le roman glisse ici et là des références à la «loi du cadenas», au Refus global, à la revue Cité libre, aux artistes Alys Robi, Les Jérolas, Denise Filiatrault et Dominique Michel. L’emprise de l’Église trop envahissante est également soulignée à moults traits.

Depuis la fin de la guerre, le temps passe tellement vite. La vie des sœurs Lefebvre connaît des rebondissements, notamment dans la fondation de familles nombreuses.

Une des sœurs se soumet à son devoir d’épouse. C’est l’espoir d’enfanter, «bien plus que l’envie de faire l’amour, qui la faisait s’abandonner».

Un soldat allemand qui veut refaire sa vie

Avec son passé de soldat allemand, Jörg Münsen se sent «comme un paria, un moins-que-rien, un pestiféré, un traître». Il veut refaire sa vie, mais à la campagne. Comme souvent dans ce roman, une chance inespérée se présente sur un plateau d’argent.

Ailleurs, un personnage fourbe refait surface et ses gestes semblent un peu trop arrangés avec le gars des vues, comme on dit.

Il évite d’abord une mort certaine à Émilien, le fils qu’il ne connaît pas, puis à sa mère adoptive. Ce malfrat perpétue un vol et est assommé dans une situation un peu trop rocambolesque.

Quelques scènes de sexe

Quelques scènes de sexe sont décrites, d’abord avec des mots discrets comme «son corps avait répondu à l’appel de ses sens» ou «les amants s’étaient lovés après avoir apaisé le feu qui les brûlait».

Dans le night life montréalais, le discours change et devient plus corsé. «Ils avaient fait l’amour, passionnément, comme deux fauves, se griffant, se mordant, cherchant dans cette frénésie à étancher l’intarissable soif de vivre qui les habitait tous deux.»

Le bonheur se gagne

La plume de Josée Ouimet fait écho à une période où le bonheur se gagne à la sueur du front, à la force des bras, «mais surtout à force de patience et d’abnégation».

La couverture du livre m’a d’abord semblé un peu kitsch, mais cette vision idyllique correspond sans doute à celle d’une large partie de la population d’après-guerre.

Dans le secret des voûtes est une histoire empreinte de romantisme, d’action et de mystère où les femmes tentent de surmonter l’autoritarisme des hommes, de la société et de l’Église, à une époque charnière de l’histoire du Québec.