À deux pas d’Hiroshima, un révérend japonais transmet l’histoire d’Anne Frank aux enfants du coin. Plus qu’une révérence, un témoignage du passé de l’humanité transmis à la nouvelle génération, en plein cœur des questionnements de l’identité japonaise. Avec Anne et le révérend, François Uzan révèle l’étonnante et troublante recherche du Japon sur sa mémoire. Présenté au Festival du film juif de Toronto le 7 mai à 13h, au Sheppard Grande, et en présence du réalisateur, voici un habile documentaire sur l’universelle ambiguïté du rapport à l’Histoire.
La société japonaise, traditionaliste et ultra-moderniste à la fois, regarde derrière elle avec attention. Elle semble cependant se focaliser plus aisément sur le passé des autres. L’histoire de la Shoah y prend alors une dimension particulière.
Anne et le révérend surprend et pose des questions qui interrogent le spectateur, d’où qu’il vienne. Passionné de scénario, le réalisateur François Uzan y dévoile une histoire dans l’Histoire, dans un pays qui entretient une relation complexe, voire peut-être complexée avec son passé. Ou comment chasser les nuages au pays du soleil levant.
François Uzan a un parcours atypique. Au départ ingénieur en aéronautique, il se découvre une passion pour l’écriture audiovisuelle et reprend des études de scénario à Paris. «Puis j’ai pris mon sac à dos et suis parti au Japon.» Il y tombe face à face avec son sujet, au détour d’une balade près d’Hiroshima.
«J’ai entendu parler un jour d’un musée sur la Shoah tenu par un révérend, dédié à Anne Frank.» Son intérêt pour la transmission des histoires l’emmène sur le seuil du musée, aux portes des entrelacements de l’Histoire. Le révérend Makoto Otsuka s’y attache à transmettre la bouleversante histoire d’Anne Frank, et à travers elle la mémoire de la déportation des juifs. Depuis qu’il a rencontré le père d’Anne Frank, le révérend s’est donné pour mission cette passation de la mémoire, qu’il effectue auprès des enfants en marge de son activité paroissiale.