Pensionnats autochtones : une fête du Canada boycottée ou huée

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Le Canada a construit ses fondations sur l’effacement et le génocide des nations autochtones, lit-on dans le site web du mouvement Idle No More. Photo: Ericka Muzzo
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Publié 30/06/2021 par Ani-Rose Deschatelets

Des centaines de personnes se sont donné rendez-vous ce jeudi 1er juillet à Ottawa, et partout au pays, pour des marches ou des rassemblements symboliques dans la foulée d’un vaste mouvement visant à annuler les célébrations de la fête du Canada, afin de reconnaître et de respecter la douleur ressentie par les communautés autochtones.

«La récente découverte du pensionnat de Kamloops nous a rappelé que le Canada reste un pays qui a construit ses fondations sur l’effacement et le génocide des nations autochtones, y compris des enfants», peut-on lire sur le site web du mouvement Idle No More, un mouvement de contestation des Premières Nations du Canada.

Contre la fête du Canada colonialiste

«Nous refusons de rester les bras croisés alors que l’histoire violente du Canada est célébrée. Nous appelons une fois de plus les protecteurs de la terre, de l’eau et du ciel autochtones et leurs alliés à se rassembler et à perturber la célébration.»

Des dizaines de marches, de rassemblements, et de célébrations contestataires sont organisées un peu partout à travers le pays, de la Colombie-Britannique au Nouveau-Brunswick.

Certaines municipalités ont simplement choisi d’abandonner complètement les célébrations traditionnelles en solidarité avec les communautés autochtones en deuil, comme c’est le cas à Saint-Jean et Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

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Pensionnats autochtones
Le «pensionnat indien» de Kamloops en 1970, devenu une école de jour. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Marche symbolique vers la colline parlementaire

À Ottawa, le départ de la marche symbolique, organisée par la nation Anishinaabe, se fera des bureaux de Services aux Autochtones Canada, à Gatineau, et elle prendra fin sur la colline parlementaire.

Pour la marche qualifiée d’«anticolonialiste» qui se déroulera beau temps, mauvais temps, les gens sont invités à se vêtir d’orange, à apporter des tambours et des objets qui font du bruit, ainsi que des affiches et banderoles mentionnant #CancelCanadaDay, #NoPrideInGenocide, #215, #JusticeForIndigenous, etc.

Fête du Canada : les réseaux sociaux s’enflamment

Sur Facebook, Twitter et Instagram, la popularité du mot-clic #CancelCanadaDay s’accentue d’heure en heure. Plusieurs personnalités publiques autochtones et gens de tous les horizons invitent aussi au boycottage des célébrations de la fête du Canada via les réseaux sociaux.

«Voici mon message pour le Canada à l’occasion de la fête du Canada. Je ne vais pas la célébrer avec des piqueniques et des feux d’artifice. Je vais passer la journée à réfléchir, à me souvenir de tout ce que nous avons perdu et de la façon d’aller de l’avant. Je vous demande de faire de même», a écrit sur Twitter le député ontarien du district de Kiiwetinoong, Sol Mamakwa, membre de la Première Nation de Kingfishner Lake. 

«C’est vraiment une question pour beaucoup de Canadiens. Pour moi, je pense que c’est important d’avoir des réflexions», a souligné la ministre fédérale des Infrastructures et des Collectivités, Catherine McKenna, lorsque questionnée sur le sujet lors d’un point de presse lundi. «Je ne pense pas que beaucoup de gens veulent célébrer», confiait-elle.

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«Peut-être qu’on pourrait réfléchir sur le travail que nous devons accomplir avec les Autochtones. Parce que nous n’y sommes pas encore. Nous devons le reconnaître. Je pense que c’est un temps très difficile pour les peuples autochtones au pays. Il y a des enfants qui sont morts dans des écoles résidentielles, et maintenant les Canadiens veulent savoir aussi.»

Du travail avant la réconciliation

La ministre et députée d’Ottawa-Centre, qui rencontrait les médias pour annoncer qu’elle ne se représenterait pas aux prochaines élections, estime qu’il reste encore beaucoup de travail à faire avant la réconciliation.

«On doit travailler avec les peuples autochtones sur la réconciliation», dit-elle. «Comme me l’a dit ce matin le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Canada, Perry Belgard, la Commission de vérité et de réconciliation nous a montré le sommet de la montagne, c’est à nous maintenant de la gravir.»

Une fête du Canada douloureuse

Par courriel, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a reconnu que la fête du Canada n’est pas une occasion de réjouissances pour plusieurs personnes.

«Les Canadiennes et les Canadiens ont eu le cœur brisé en apprenant la découverte de dépouilles d’enfants sur les sites d’anciens pensionnats autochtones au Canada. Les communautés autochtones de tout le pays traversent en ce moment une période particulièrement douloureuse et traumatisante», a-t-il déclaré, en soulignant que le gouvernement du Canada continue de travailler avec ses partenaires autochtones pour leur fournir des ressources et du soutien.

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«La façon dont les Canadiens et Canadiennes choisissent de célébrer la fête du Canada leur est propre, et peut être aussi diversifiée que notre population. Nous invitons tout le monde à profiter de cette occasion pour en apprendre davantage sur les luttes et les perspectives des autres, et pour réfléchir et honorer le fait que l’histoire et l’identité du Canada ont été façonnées par les Premières Nations, les Inuits et les Métis.»

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Le chef conservateur Erin O’Toole près de la flamme du souvenir, sur la colline parlementaire, où un monument de fortune a été érigé à la mémoire des enfants autochtones disparus dans le système des pensionnats des 19e et 20e siècles. Photo: Parti conservateur du Canada

Erin O’Toole célébrera le Canada 

De son côté, le chef conservateur, Erin O’Toole, estime plutôt que les célébrations de la fête du Canada ne devraient pas être annulées.

En soutenant que les Conservateurs sont déterminés à renouveler les relations avec les nations autochtones, il a indiqué s’opposer fermement à la «culture d’annulation» de militants, en particulier pour le jour de la fête nationale.

«Je crains que les injustices de notre passé ou de notre présent ne soient trop souvent confisquées par un petit groupe de voix militantes qui s’en servent pour attaquer l’idée même du Canada», a-t-il déclaré mercredi. «À titre de personne qui a servi le Canada et qui demandera bientôt la confiance des Canadiens pour diriger ce pays, je ne peux pas rester silencieux lorsque des gens veulent annuler la fête du Canada.»

Selon lui, les tragiques découvertes des dernières semaines devraient plutôt être utilisées comme un moyen de motivation pour construire un Canada meilleur.

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Ne jamais ignorer l’injustice

«Cela nous rend un mauvais service lorsque nous ignorons l’injustice, les mauvaises parties de notre histoire et l’héritage en cours. L’impact de ces choses horribles qui se sont produites continuent de se produire», a indiqué pour sa part le chef néo-démocrate Jagmeet Singh.

Selon lui, les gens verront la fête du Canada différemment cette année.

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