Trois laboratoires de l’Université d’Ottawa sur la ligne de front contre le coronavirus

Le Dr Patrick Giguère dans son laboratoire au sein de l’Université d’Ottawa.
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Publié 25/04/2020 par André Magny

Des équipes de scientifiques de l’Université d’Ottawa viennent de recevoir un soutien financier du gouvernement canadien pour lutter contre la pandémie de CoViD-19: 500 000 $ pour la Dre Marceline Côté et un million pour le Dr Marc-André Langlois.

Si vous pouviez vous promener au 4e étage du pavillon Roger-Guindon de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, vous verriez qu’il y a encore de la lumière. Ce sont celles de trois laboratoires qui continuent de s’affairer sept jours sur sept malgré la fermeture de l’Université.

Comme le célèbre village des irréductibles Gaulois, ils résistent à l’envahisseur, le sinistre «Romain» coronavirus. Ces laboratoires sont dirigés respectivement par la Dre Marceline Côté, le Dr Patrick Giguère et le Dr Marc-André Langlois.

Dans sa campagne contre la lutte au coronavirus, le gouvernement canadien a mis sur la table 27 millions de $ pour de la recherche. De ce nombre, 500 000 $ sont allés au groupe de la Dre Côté et un million à celui du Dr Langlois. Quant au Dr Giguère, son laboratoire est associé à celui de ses collègues.

La Dre Marceline Côté de l’Université d’Ottawa.

Spécialiste de l’Ebola et du SRAS

La Dre Marceline Côté, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la virologie moléculaire et la thérapeutique antivirale, était déjà spécialisée dans l’étude du virus Ebola et du SRAS.

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Avec son équipe, elle tente maintenant de comprendre comment le virus réussit à s’introduire dans le corps humain, et surtout comment il fusionne avec des cellules cibles. Une fois cela établi, c’est là qu’entrera en scène le Dr Patrick Giguère.

Chercheur au quotidien

Chez les Laroche-Giguère, la CoViD-19 est très présente. Pas au sens propre du terme, heureusement. Geneviève Laroche est en fait l’associée de recherche de son conjoint Patrick et de la Dre Côté dans le cadre de ce projet de recherche.

Quand elle rentre à la maison en début de soirée, elle prend le relais auprès des enfants. Son conjoint enfile alors son rôle de chercheur.

Tester des médicaments

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en pharmacologie moléculaire et en recherche de nouveaux médicaments, Patrick Giguère a comme objectif de bloquer l’entrée au coronavirus. Et comment faire pour qu’il ne passe pas? En testant divers médicaments qui existent déjà.

«On va prendre des drogues qui ont été acceptées en essai clinique», explique le Dr Giguère. Le chercheur a sous la main ce qu’il appelle des «librairies de drogues»; autant synthétiques que des drogues issues de plantes naturelles. Le but, c’est de bloquer l’entrée du virus aux «check points» déjà identifiés par la Dre Côté.

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«Si on empêche le virus d’entrer, il ne va pas se multiplier en tuant des cellules.»

Des anticorps de chameaux

D’autres pistes? Son équipe travaille aussi sur un projet d’utiliser des anticorps de chameaux — déjà testés en viticulture pour protéger les vignes des virus —, des «nano bodies» qui seraient criblés sur le coronavirus. Ce projet est en collaboration avec l’équipe du Dr Langlois.

Bien qu’il doute qu’un vaccin soit disponible avant un an, le Dr Giguère est catégorique: «Il faut être patient, mais il ne faut pas lâcher la recherche.»

Le virologue Marc-André Langlois de l’Université d’Ottawa.

Cultiver des cellules… et de la patience

Dans un autre laboratoire, son collègue Marc-André Langlois est du même avis quand il s’agit de parler de patience. Spécialiste depuis 15 ans du VIH, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la virologie moléculaire et l’immunité intrinsèque, le Dr Langlois parle de 18 heures d’attente avant de voir la multiplication d’une cellule.

De son côté, il évalue que le développement d’un vaccin pourrait prendre 18 mois. Mais ce n’est pas une raison pour se croiser les bras.

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Au sein de son laboratoire, il est là notamment pour modifier génétiquement des anticorps. Il faut savoir qu’un anticorps est une glycoprotéine utilisée par le système immunitaire pour détecter et neutraliser un agent destructeur comme le coronavirus. Ce que veut le Dr Langlois, «c’est neutraliser le virus en l’entourant d’anticorps».

Tester les porteurs du virus

Même s’il faut s’armer de patience avant l’arrivée d’un vaccin. Selon lui, l’espoir en ce moment réside dans les tests sérologiques. En détectant ceux qui sont porteurs du virus, ils vont aussi apprendre aux chercheurs pourquoi il y a des personnes qui ont des symptômes et pourquoi d’autres n’ont rien.

Selon le scientifique, on pourrait envisager d’avoir des tests qu’on pourrait faire chez soi. Cela augmenterait la détection et la prévention.

Le port du masque, en particulier dans les endroits denses, est un bon outil selon le Dr Langlois pour prévenir la CoViD-19. «Mais il faut apprendre aux gens à bien l’utiliser, à bien le nettoyer. Même un masque fait maison peut faire l’affaire.» Pas obligé d’avoir les fameux masques N95 sous la main, qu’on doit réserver au personnel médical.

Le pavillon Roger Guindon de l’Université d’Ottawa.

Un environnement restrictif

S’il croit que le message sur le port du masque a été mal transmis par les autorités gouvernementales, que pense-t-il d’autre part de ses conditions de travail actuelles? Comment gère-t-il la pression d’avoir les yeux du monde rivés sur lui, attendant mer et monde de la communauté scientifique?

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«Dans la limite du possible, on travaille dans un environnement sécuritaire. Évidemment, l’Université a peur que les gens tombent malades. Il y a énormément de restrictions de la part de celle-ci. Elle est peut-être trop prudente. Après tout, on est virologues. On sait comment travailler avec le virus de façon sécuritaire afin de minimiser les dangers!»

Du côté de l’Université Ottawa, à la question de savoir si les règles de sécurité ne sont pas trop contraignantes dans l’univers des chercheurs, on nous répond que seuls les services essentiels et les projets jugés critiques sont maintenus en temps de pandémie.

«Tous les membres du personnel qui est autorisé (nombre très limité) ont été sensibilisés aux mesures à prendre pour éviter la propagation et la contamination. Il existe donc de strictes normes de protection pour les virologues et le personnel qui travaille en laboratoire.»

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