Antigone: loi du coeur contre loi des Hommes

En salle à Toronto au Tiff Bell Lightbox

Antigone, interprétée par l'actrice québécoise Nahéma Ricci.
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Publié 11/12/2019 par Mélissa Salé

La désobéissance civile qu’incarne Antigone, tragédie grecque de Sophocle, a été adaptée de façon moderne au cinéma par la cinéaste québécoise Sophie Deraspe.

Sorti en avant-première mondiale lors du Festival international du film de Toronto en septembre, le film a été nommé meilleur long-métrage canadien.

Il a d’ailleurs été projeté lors du festival francophone de films Cinéfranco, et représentera le Canada aux Oscars le 9 février 2020.

Des séances au Tiff Bell Lightbox ont lieu jusqu’au 19 décembre.

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La famille avant tout

Sophie Deraspe a décidé de transposer l’œuvre antique dans notre époque actuelle en mettant en avant une famille d’immigrés.

D’origine maghrébine, la famille d’Antigone a fui son pays et s’est installée à Montréal, suite à l’assassinat des parents de l’héroïne.

Antigone et Étéocle.

Plusieurs années plus tard, devenue une jeune fille studieuse et droite, ses frères vont être l’objet d’un fait divers.

Tandis que Éteocle meurt injustement par la balle d’un policier, Polynice est arrêté pour être renvoyé au pays. Afin de sauver son dernier frère, Antigone décide de le faire évader de prison en prenant sa place.

Polynice, frère d’Antigone.

Elle choisit donc de désobéir à l’autorité afin de suivre la loi de son cœur qui la porte à sauver sa famille.

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Dans une entrevue à Radio Canada, Sophie Deraspe insiste sur cette droiture qu’incarne la jeune fille. «L’autorité dans le film s’exprime par la police, le système judiciaire le système carcéral, la figure patriarcale. Elle, elle a sa force intérieure, son intégrité et elle arrive à rester droite et à maintenir ses valeurs devant ce mur, cette immensité devant elle.»

«Casting sauvage»

Avec son regard perçant, sa frêle silhouette et son charisme, l’actrice québécoise Nahéma Ricci a su interpréter avec beaucoup de talent ce mélange de courage, d’obstination et de sensibilité qu’incarne Antigone.

Sa performance n’est d’ailleurs pas passée inaperçue puisqu’elle a été nommée au TIFF comme une «étoile montante».

Les jeunes supportant Antigone.

D’ailleurs, pour trouver la plupart de ses acteurs, Sophie Deraspe a fait un «casting sauvage», en cherchant des non-professionnels pour incarner différents rôles.

Cette distribution pas comme les autres lui a permis de former la famille maghrébine de l’héroïne, ainsi que de constituer le groupe de jeunes qui se battent pour elle.

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Inspiré d’une histoire vraie

Si la réalisatrice a été marquée par l’œuvre de Sophocle et la pièce de Jean Anouilh, elle a également été influencée par une histoire vraie.

La réalisatrice Sophie Deraspe.

En 2008, deux frères, Fredy Villanueva et Dany Villanueva, ont fait l’objet d’une intervention policière dans un parc de Montréal-Nord.

L’intervention a tourné au drame lorsque Fredy Villanueva, âgé de 18 ans et sans antécédents judiciaires, a été abattu par un des policiers.

Le décès de ce jeune homme a suscité de vives réactions, dont une émeute au lendemain du drame. Après avoir entendu une entrevue de l’une de leurs sœurs, Sophie Deraspe a fait un lien avec Antigone.

«Je me suis mise à imaginer que cette soeur pouvait être une Antigone. La fiction s’est développée à partir de là», explique Sophie Deraspe dans une interview à Films du Québec, site d’information indépendant, entièrement dédié au cinéma québécois de fiction.

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