Ablaye Cissoko au Toronto Summer Music Festival 2019 : «On ne devient pas griot, on naît griot»

Ablaye Cissoko, griot, se produira au Summer Music Festival le 15 juillet, accompagné de musiciens.
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Publié 08/07/2019 par Léa Giandomenico

Depuis des décennies, les Cissoko sont griots: des conteurs et musiciens traditionnels qui œuvrent comme la voix du peuple. Ablaye Cissoko naît au Sénégal dans une de ces familles, et reprend le flambeau de la discipline.

Accompagné des trois musiciens de l’Ensemble Constantinople (basé à Montréal), il se produira au Toronto Summer Music Festival le lundi 15 juillet à 19h30.

« J’ai eu la chance d’hériter de cette grande lignée »

 

Ablaye Cissoko vit aujourd’hui de son héritage ouest-africain. Il représente son passé et sa tradition à l’international, à travers sa profession de griot. Très fier de cet enseignement, il le transmet avec passion.

«On ne devient pas griot, car on peut être griot: tout le monde sait chanter et conter. Être griot, c’est incarner la mémoire de la tradition, c’est être la voix du peuple. C’est quelque chose d’inné», explique-t-il.

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Entre le roi et le peuple

Ses histoires, il les transmet comme des enseignements à son public, des devises. «Le griot possède une aiguille avec un fil interminable. Partout où il passe, il recolle les morceaux», s’enthousiasme Ablaye Cissoko.

Il ajoute que le griot, à l’époque des rois, était très lié au pouvoir de celui-ci. Il était l’intermédiaire entre le roi et son peuple, chargé d’exprimer à son souverain les maux de la société. «À l’époque, on pouvait mesurer la puissance mystique du roi en notant la prestance de son griot. Ce dernier, à la base, était noble.»

Il ajoute que le griot préparait les petits princes et les petites princesses (les enfants) à affronter la vie. Il est indissociable de la société traditionnelle africaine.

L’ensemble Constantinople lors d’un concert en France. (Photo: Sylvie Bosc)

Tourné vers le monde

Le Sénégalais d’origine vit désormais en France. Pourtant, il conte ses histoires aux quatre coins de la planète. «À la base, le griot est nomade. On dit bien que cela vaut toujours la peine de faire le déplacement. C’est pourquoi je viens à mon public.»

Ses histoires, il les tire de son environnement, de son entourage: cela l’inspire beaucoup dans son écriture.

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L’Ensemble Constantinople

La musique, pour Ablaye Cissoko, est indissociable de son art. «Tous les griots ne content pas en musique, certains sont juste des paroliers, c’est comme chacun le souhaite. Personnellement, je suis né avec cet héritage musical. De fait, j’ai perpétué cette tradition.»

En effet, le conteur est toujours accompagné de musiciens. Lors de sa prestation torontoise, l’ensemble Constantinople, basé à Montréal, jouera à ses côtés.

«J’ai déjà fait le tour du monde avec ces trois musiciens! C’est toujours un plaisir de travailler avec eux, ce sont de grands messieurs», s’enthousiasme l’artiste.

L’ensemble musical se compose d’un Iranien (Kiya Tabassian) et de deux Canadiens-Français (Pierre-Yves Martel et Patrick Graham). Ils jouent du ceta, un instrument traditionnel à corde, de la viole de gambe et des percussions.

Kiya Tabassian, d’origine iranienne, chante parfois en perse (Photo: Michel Pinault)

«C’est important pour nous de communiquer dans nos langues maternelles »

 

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Ablaye Cissoko explique que tous trois chantent en perse, en manding (une langue traditionnelle d’Afrique de l’Ouest) et en français. «Nous cherchons à être en fusion entre nous et avec le public. On souhaite communiquer un maximum avec eux.»

Ablaye Cissoko souhaite à son tour transmettre la tradition de griot à d’autres enfants. Il a déjà ouvert une école de chorale au Sénégal.

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