17Des scientifiques ont produit plusieurs centaines d’études pendant 23 ans à partir d’un principe faux: l’idée selon laquelle un petit nombre de gènes influencerait l’état dépressif. Une étude publiée en mars dernier en fait la démonstration, rapportait récemment un article de The Atlantic.
Dès 1996, des chercheurs avaient par exemple lié à la dépression le SLC6A4, responsable de la production de sérotonine. Ils avaient étudié environ 1 000 personnes avant de tirer leur conclusion. Plusieurs centaines d’études s’en sont inspirées par la suite.
En mars dernier, Richard Border de l’Université du Colorado à Boulder et ses collègues n’ont cependant trouvé aucune preuve de la corrélation entre la dépression et le SLC6A4, de même qu’avec les 17 autres gènes les plus souvent liés à cet état psychologique. Ils ont pourtant testé de grands groupes de personnes, allant de 62 000 à 443 000 volontaires.
De sérieux doutes dès 2005
Une étude de l’Université de Bristol concluait déjà en 2005 ne trouver aucun rapport entre le gène SLC6A4 et la dépression.
Le nombre d’articles scientifiques prenant cette corrélation pour acquis a cependant augmenté après cette date! «À partir de 2005, on aurait dû se poser des questions, certains s’en sont d’ailleurs posées… mais l’évolution du savoir se fait sur le long terme», constate le postdoctorant à la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante (Université de Montréal), Julien Larrègue.