Trente-sept poètes unissent leurs voix dans Poèmes de la résistance pour dénoncer «les coupes cinglantes du gouvernement Ford et son indifférence inqualifiable face à la réalité franco-ontarienne». Ils et elles ont répondu à l’appel d’Andrée Lacelle, jusqu’à tout récemment poète lauréate de la Ville d’Ottawa.
Dans l’introduction intitulée Dire la lumière de notre colère, Andrée Lacelle écrit que «le poème, c’est l’acte d’être au monde à part entière, au plus intime de notre vie comme au sein de notre collectivité». Puis elle ajoute que «toute poésie est résistance et maîtresse des lieux, car elle occupe la langue et le langage. (…) Lucide, le poème cherche à dire l’histoire de nos histoires.»
600 000 en marche
Jean Marc Dalpé ouvre la marche de cette résistance dans la première partie du recueil intitulée Cohésion en rappelant que c’est loin d’être la première fois: déportation des Acadiens, soulèvement des Métis, crise scolaire de Sturgeon Falls, SOS Montfort. «Mais nous sommes toujours là / Aux aguets et en beau joualvère / Le Verbe effilé et l’œil vif».
Un jeune poète, François Baril Pelletier, enchaîne pour dire que nous sommes 600 000 en marche et non en agonie ou en effritement. «Nous résistons en corps / ni la tempête ni le tremblement ne nous effraient (…) / Nous sommes levés vivants.»
Francophonie électrique
Dans la deuxième partie, Sentiment, Blaise Ndala n’appelle à son secours «ni Champlain ni le champagne / ni la Vierge ni le Viagra / ma fierté est une sainte putain / qui sucera jusqu’à plus soif / le fleuve boueux de ton mépris».