Sur la nouvelle route de l’Arctique

D’Inuvik à Tuktoyaktuk

(Photo: Benoit Legault)
Motocyclistes fourbus arrivant à «Tuk». (Photos: Benoit Legault)
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Publié 14/05/2019 par Benoit Legault

Nous roulons sur la route de l’Arctique. Ouverte au printemps 2018, c’est la première route carrossable à l’année qui mène à l’océan Arctique sur le territoire canadien. Partis il y a 3 heures d’Inuvik, la ville la plus nordique du pays, nous faisons du slalom entre les bras du delta du fleuve Mackenzie pour arriver à Tuktoyaktuk (dit Tuk), le village du bout de la route.

On peut y vivre le soleil de minuit l’été, la fête de la lumière l’hiver, des expéditions en traîneau l’automne et le printemps. On peut toujours vivre à Tuk une expérience extraordinaire – pourvu d’avoir les yeux et le cœur bien ouverts. Ici, un béluga est l’objet de chasses traditionnelles, pas une mignonne baleine recherchée par les touristes.

(Photo: Benoit Legault)
Un homme photographie son pied dans l’océan Arctique – c’est un rite de passage à Tuk.

Dans la toundra

La Inuvik-Tuktoyaktuk Highway trace 138 km dans la toundra. C’est une occasion exceptionnelle de découvrir cet environnement qui surprend par toute sa vie, végétale et animale.

Outre les Inuits, à la fois réservés et sympathiques, on y rencontre de vrais voyageurs, des gens qui ont le goût de l’aventure. Une aventure somme toute sécuritaire, car on ne roule pas vite sur cette route (environ 70 km/h) et il y a toujours quelqu’un qui pourra nous secourir (tout le monde s’aide sur cette route sans halte).

Si on a du temps, on peut rouler de Toronto à Tuktoyatuk en passant par Whitehorse (Yukon), et par la Dempster Highway qui va de Dawson City à Inuvik sur plus de 700 km de gravier.

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(Photo: Benoit Legault)
L’hôtel Westminster de Dawson City.

Parmi les grandes routes exotiques

La Dempster Highway (qui a 40 ans cette année), et son mythique point de ravitaillement à Eagle Plains, compte parmi les grandes routes exotiques du monde. On y traverse de nombreux écosystèmes, à plusieurs altitudes, parfois lovés dans les nuages de grandes montagnes.

Si on a peu de temps, mais plus d’argent, on peut rallier Whitehorse ou même Inuvik en avion, louer un véhicule (à 4 roues motrices de préférence), et foncer vers Tuktoyaktuk.

Les véhicules récréatifs et les autos ‘ordinaires’ peuvent emprunter la Inuvik-Tuktoyaktuk Highway, mais ils sont plus vulnérables quand la route devient meuble et molle durant et après des précipitations.

Si vous voulez faire l’expérience de cette route, mais ne pas conduire, des voyagistes proposent des voyages à Tuk et vers d’autres communautés encore plus isolées (par avion et en embarcation). C’est cher, mais facile à organiser.

(Photo: Benoit Legault)
Sur la route de Tuk.

À la rencontre d’Inuvik et du Grand Nord

Tuk est un hameau de 900 habitants au bord de l’Arctique, ce qui est inspirant à souhait. Inuvik (3200 habitants) est moins touristico-glamour, mais cette petite ville laisse aussi des souvenirs impérissables. Les bâtiments d’Inuvik sont tous bâtis sur pilotis, pour ne pas tordre au rythme du pergélisol.

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Un séjour à Inuvik permet de parler aux premiers habitants de la région, les autochtones Gwichʼin, d’humain à humain, dans des contextes non commerciaux – dans la rue, au marché, etc. On y perçoit leur grandeur et leurs misères. La vie dans le Grand Nord est subventionnée, mais elle demeure difficile.

Inuvik permet aussi la découverte fascinante de gens venus ici pour établir une nouvelle vie. Il y a notamment une centaine de musulmans à Inuvik, dont les travailleurs sont le plus souvent ingénieurs ou chauffeurs de taxi.

(Photo: Benoit Legault)
Le gargantuesque burger Dempster à l’aéroport d’Inuvik.

Une mosquée et une église

«Les Gwichʼin n’ont pas de préjugés contre les musulmans comme les gens de Toronto où j’habitais avant», me dit un homme à la mosquée d’Inuvik. «Les Gwichʼin nous acceptent comme nous sommes; ils savent que nous contribuons de notre mieux à leur collectivité

À la fin des années 1950, un Québécois a mené à bien la construction de l’église Our Lady of Victory d’Inuvik, mieux connue comme étant l’église en forme d’igloo. Ce chef-d’œuvre d’architecture religieuse étonnant a été conçu par le frère oblat Maurice Larocque, un charpentier, qui supervisait alors la construction d’églises dans le Grand Nord depuis une trentaine d’années.

Un peu partout au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, des pionniers francophones ont laissé des traces remarquables.

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(Photo: Benoit Legault)
Visite guidée à l’église catholique en forme d’igloo à Inuvik.

Infos pratiques

Les hôtels commerciaux d’Inuvik sont des hébergements standards qui étonnent par leur taille et leur nombre. Le seul qui propose aussi un restaurant est l’hôtel Mackenzie.

La cantine de l’aéroport est un bon endroit pour fraterniser avec des employés locaux en mangeant l’énorme Dempster Burger ou une poutine au porc effiloché.

La cantine de l’hôpital permet de sortir du cocon touristique. Les repas y sont moins chers qu’ailleurs, et on voit avec surprise dans cet hôpital un espace de repos réservé aux aînés (elders).

Sites web à consulter: spectacularnwt.com, Inuvik.ca, travelyukon.com

(Photo: Benoit Legault)
Le véhicule de notre chroniqueur Benoit Legault après le trajet Inuvik-Tuk-Inuvik.

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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