Cervantes, «Prince de l’esprit»

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Publié 19/04/2016 par Gabriel Racle

Cette année 2016 marque le 400e anniversaire du décès de Miguel de Cervantes, grand écrivain espagnol, maître «de l’illusion romanesque et inventeur du roman moderne» (Webnews).

«Baptisé Prince des fous (par ses critiques), celui qu’aujourd’hui l’Espagne appelle Prince de l’esprit», pour citer Émile Chasles dans son Michel de Cervantes (Paris, 1886), fait l’objet d’un hommage mondial pour commémorer sa mort les 22 (23?) avril 1616 à Madrid.

Intérêt pour le théâtre

Miguel de Cervantes, le quatrième des sept enfants de Rodrigo de Cervantes, est vraisemblablement né le 27 septembre 1547, probablement à Alcalá de Henares, une petite ville à une trentaine de kilomètres de Madrid. Son père médecin ou chirurgien a de la peine à faire vivre sa famille et doit changer souvent de domicile pour fuir ses créanciers.

De ce fait, Miguel reçoit une éducation assez peu suivie. On ne sait trop quelle formation il a eu, quels établissements il a fréquentés, et les hypothèses proposées, comme les universités d’Alcalá et celle de Salamanque, n’ont pas été confirmées.

En 1566 il est à Madrid et on a de lui trois poésies, ses premières manifestations littéraires, en hommage à la défunte reine Élisabeth de Valois, troisième épouse de Philippe II, alors roi d’Espagne.

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On ne sait comment il vivait mais on sait que c’est à Madrid qu’il a montré un grand intérêt pour le théâtre. Il assistait aux représentations des pièces d’auteurs en vogue à l’époque, Lope de Rueda, Bartolomé de Torres Naharro, dont les pièces étaient jouées dans les villes et les villages.

«Il n’avait d’yeux que pour le spectacle», fera-t-il dire à un personnage de son grand roman.

Manchot

En 1569, il s’enfuit en Italie à la suite d’un duel au cours duquel il aurait blessé son adversaire, un maître d’œuvre. Mais il s’agit peut-être d’un voyage qui le voit arriver à Rome en 1569. Il s’y instruit des arts et de la littérature, notamment des poèmes de chevalerie de Ludovico Ariosto et des Dialogues d’amour de León Hebreo, qui l’influenceront.

De retour en Espagne, il s’engage d’abord dans la carrière des armes. Il participe à la bataille de Lépante, opposant Ottomans aux Italo-Espagnols, où il perd l’usage de sa main gauche (1571), ce qui lui vaudra le sobriquet de «manchot de Lépante». Il participe ensuite aux opérations de Navarin (1572) et à la prise de Tunis.

En 1575, sa galère le ramenant en Espagne est capturée par des corsaires. Emmené à Alger, la rançon pour le libérer est si élevée qu’elle ne sera réunie et versée qu’au bout de cinq années de captivité. C’est la fin de sa carrière militaire.

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L’homme de plume

De retour à Madrid en 1580, il va s’efforcer de vivre de sa plume. De 1581 à 1583, il rédige Le Siège de Numance, qui conte le siège de cette ville dont les défenseurs, encerclés en 133 av. n. ère par les légions du général romain Scipion, ont préféré la mort à la reddition.

Il est probable que la première œuvre littéraire remarquable de Cervantes, La Galatea, a été écrite entre 1581 et 1583 et publiée à Alcalá de Henares en 1585. Ce roman met en scène deux pasteurs amoureux de Galatée qui préfère son indépendance.

Cervantes va faire différents séjours en prison, notamment pour des problèmes financiers.

Durant ces séjours où selon ses dires, «dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre a son siège, où tout bruit lugubre fait sa demeure», il aurait imaginé le personnage clé de son œuvre majeure, Don Quichotte de la Manche.

Sans avoir plus de précisions sur les origines et les débuts de son travail de rédaction, on sait qu’il en publie à Madrid la première partie vers la fin de 1604 ou au début de 1605, El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha (L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche). C’est un succès immédiat.

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«Il y raillait le goût des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait en son temps. Cette œuvre marqua la fin du réalisme en tant qu’esthétique littéraire, créa le genre du roman moderne qui eut une très grande influence et constitue sans doute le plus bel exemple de roman picaresque.» (Wikipédia)

Le roman picaresque

«Le roman picaresque (de l’espagnol pícaro, «misérable», «futé») est un genre littéraire né en Espagne au XVIe siècle et qui a connu sa plus florissante époque dans ce pays. Un roman picaresque se compose d’un récit sur le mode autobiographique de l’histoire de héros miséreux, généralement des jeunes gens vivant en marge de la société et à ses dépens. (Internet)

La seconde partie paraît en 1614, deux ans avant la disparition de l’auteur. Bien d’autres œuvres sont à mettre au compte de Cervantes, poèmes, histoires, pièces de théâtre, et sa biographie fort intéressante est plus complète et plus complexe que la courte synthèse que nous en donnons. On pourra se reporter à de nombreux articles d’Internet pour plus de détails.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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