Un thriller aux accents religieux

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Publié 08/03/2016 par Paul-François Sylvestre

Jean-Jacques Pelletier est l’un des auteurs de romans policiers les plus lus au Québec. Je l’ai découvert l’an passé en lisant Dix petits hommes blancs (Éditions Hurtubise). Il signe un nouveau thriller intitulé Machine God et en profite pour étoffer ses thèmes de prédilection que sont l’embrigadement idéologique, la manipulation des individus et des foules, ainsi que les différentes formes d’exploitation de l’être humain.

Tout commence par une crucifixion présentée en direct sur différents écrans de Times Square, à New York. La victime est Mgr Ignatius Feelgood, un archevêque à la retraite, soupçonné d’avoir caché des cas de prêtres pédophiles.

Et l’histoire ne fait que commencer «à devenir aussi intéressante qu’elle est pourrie». Les événements se bousculent et nous voyons des cadavres jetés devant des églises, six catholiques assassinés pendant une messe, un prêtre jeté en pâture dans une fosse aux lions, un iman qui se fait décapiter et un rabbin qui disparaît.

Des groupes radicaux, chrétiens et autres, se mobilisent. Des politiciens magouillent. On parle de terrorisme religieux, voire de complot des services secrets. La mise en scène des crimes laisse même croire à une œuvre d’art particulièrement perverse. Le New York Police Department (NYPD) ne sait plus à quel saint se vouer.

Ce qui semble assez claire dans cette histoire, c’est la vision que l’auteur se fait du christianisme, une religion qui a eu «un meurtre comme événement fondateur» (mise à mort de Jésus). «Oser produire une illustration aussi frappante du fait que le christianisme est une religion fondée sur l’assassinat, personne ne l’avait jamais fait!»

Avec la décapitation de l’iman, on confond facilement un musulman avec un intégriste et un terroriste. On se trouve plongé dans une guerre de religions, à moins que ce soit une guerre contre les religions… La police new-yorkaise préfère parler d’un fou ou tueur en série qui a une fixation sur les leaders religieux.

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L’affaire sur laquelle le NYPD fait enquête prend des proportions internationales. Les policiers new-yorkais travaillent dès lors main dans la main avec leurs homologues français, mais cela ne plaît pas au maire pour qui les Français ne sont que… «des mangeurs de grenouilles». Le principal suspect n’est pourtant pas un Français pas plutôt un Canadien, un dénommé Victor Prose (qu’on a connu dans Dix petits hommes blancs).

La crucifixion de l’archevêque à la retraite et la décapitation de l’iman, pour n’en nommer que deux, sont des événements soigneusement chorégraphiés pour la simple raison que les mots ne suffisent plus. Même les images ne suffisent plus. «Il faut désormais des spectacles. Des spectacles qui ont du punch.»

Je dois signaler une chose qui m’a ennuyé dans ce roman. Les gens envoient constamment des courriels ou des textos. Cela devient agaçant. Je ne lis pas un roman pour plonger dans l’univers des réseaux sociaux. Au contraire, je veux justement m’éloigner de cet embrigadement électronique.

Jean-Jacques Pelletier sait bien multiplier et brouiller les pistes pour rendre son intrigue plus captivante, voire déroutante. Le lecteur doit parfois avoir le doigté de l’enquêteur new-yorkais et le flair de sa collaboratrice française pour ne pas se perdre dans les méandres de ce thriller aux accents religieux.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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