Deux mains pour raconter cinq histoires d’amour

Une seule représentation en français du phénomène Kiss & Cry à Toronto

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Publié 26/01/2016 par François Bergeron

Une caméra braquée sur deux mains peut-elle raconter efficacement cinq histoires d’amour? Apparemment oui, puisque la pièce Kiss & Cry, de la chorégraphe Michèle Anne De Mey et du cinéaste Jaco Van Dormael, qui s’arrête à Toronto du 4 au 7 février, est un succès mondial depuis quatre ans.

C’est le Théâtre français de Toronto qui la présente avec le Canadian Stage à la salle Bluma Appel. La seule représentation en français est celle du vendredi 5 février.

«En voyant cette oeuvre, vous allez tout de suite comprendre pourquoi on ne pouvait pas la présenter au Berkeley», indique le directeur artistique du TfT, Guy Mignault. «Il faut une bien grande scène pour organiser un ballet où technique, acteurs et caméras doivent cohabiter. C’est comme si on assistait au visionnement d’un film sur grand écran en même temps qu’on assiste à son tournage et à son making of.

C’est en filmant des doigts évoluer dans des décors miniatures sur la table d’un grenier que le couple belge, à la recherche d’un projet leur permettant de travailler ensemble, a développé le concept de Kiss & Cry, puis de Cold Blood, un spectacle sur un tout autre thème dans des décors plus réalistes proposé par la même équipe à Toronto, toujours au Canadian Stage du 10 au 14 février.

«Nous étions trois, puis quatre, puis cinq, puis six», raconte la chorégraphe. «Et on se donnait rendez-vous là, dans ce grenier. À quatre ou cinq ou six. Et on jouait… Tantôt les mains devenaient des poissons dans un aquarium, tantôt des mondes à l’envers s’ébauchaient. Tantôt des scénarios de poursuites dans le désert, et parfois des textes de Thomas Gunzig arrivaient, on s’en inspirait.»

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«Aux expériences techniques se sont greffés des textes, puis une histoire a pris forme, et finalement le concept du spectacle», résume le cinéaste en entrevue à L’Express. «Nous avions au départ une main de femme et une main d’homme, l’idée de relations amoureuses a donc fini par s’imposer.»

Jaco Van Dormael est surtout connu pour Toto le héros (1991), primé à Cannes. Son dernier film, Le Tout Nouveau Testament (2015), est une comédie noire dans laquelle Benoît Poelvoorde joue le rôle de… Dieu.

Kiss & Cry met en scène une vieille femme se remémorant ses cinq grands amours. Les scènes du «nanomonde» filmées en direct sont projetées sur grand écran. «Rien n’est enregistré, tout est éphémère et à recommencer.» Les spectateurs assistent donc au tournage en même temps qu’ils voient le film.

«Chaque membre de l’équipe a dû réapprendre son art», explique Jaco Van Dormael. «La caméra doit filmer sans interruption de telles scènes miniatures. La chorégraphe ne doit s’occuper que des mains. Les décors doivent être adaptés à ces contraintes»…

Selon lui, le spectateur en vient aisément à visualiser les personnages à partir de ces mains. «L’imagination prend le dessus», dit-il, «comme quand on lit un roman.»

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La critique internationale est unanime: «Pure magie, pur bonheur, spectacle étonnant, à nul autre pareil»; «constamment surprenant, c’est aussi une belle réflexion sur nos souvenirs»; «combinaison unique de dance, vidéo et théâtre»…

Jamais le TfT n’a programmé un spectacle d’une telle envergure, confirme Guy Mignault. On y confronte «poésie, cinéma, danse, théâtre, magie nouvelle et bricolage de génie… Un spectacle épique dans un monde miniature».

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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