Une caméra braquée sur deux mains peut-elle raconter efficacement cinq histoires d’amour? Apparemment oui, puisque la pièce Kiss & Cry, de la chorégraphe Michèle Anne De Mey et du cinéaste Jaco Van Dormael, qui s’arrête à Toronto du 4 au 7 février, est un succès mondial depuis quatre ans.
C’est le Théâtre français de Toronto qui la présente avec le Canadian Stage à la salle Bluma Appel. La seule représentation en français est celle du vendredi 5 février.
«En voyant cette oeuvre, vous allez tout de suite comprendre pourquoi on ne pouvait pas la présenter au Berkeley», indique le directeur artistique du TfT, Guy Mignault. «Il faut une bien grande scène pour organiser un ballet où technique, acteurs et caméras doivent cohabiter. C’est comme si on assistait au visionnement d’un film sur grand écran en même temps qu’on assiste à son tournage et à son making of.
C’est en filmant des doigts évoluer dans des décors miniatures sur la table d’un grenier que le couple belge, à la recherche d’un projet leur permettant de travailler ensemble, a développé le concept de Kiss & Cry, puis de Cold Blood, un spectacle sur un tout autre thème dans des décors plus réalistes proposé par la même équipe à Toronto, toujours au Canadian Stage du 10 au 14 février.
«Nous étions trois, puis quatre, puis cinq, puis six», raconte la chorégraphe. «Et on se donnait rendez-vous là, dans ce grenier. À quatre ou cinq ou six. Et on jouait… Tantôt les mains devenaient des poissons dans un aquarium, tantôt des mondes à l’envers s’ébauchaient. Tantôt des scénarios de poursuites dans le désert, et parfois des textes de Thomas Gunzig arrivaient, on s’en inspirait.»