Infâme règlement, odieuse réglementation, couteau sur la gorge, voilà quelques-unes des expressions utilisées pour décrire le Circular of Instruction No. 17 que le ministère de l’Éducation de l’Ontario émet le 25 juin 1912. C’est le désormais célèbre Règlement 17. Cent ans plus tard, Michel Bock et François Charbonneau ont réuni 17 articles d’universitaires d’ici et d’ailleurs qui posent divers regards sur une crise scolaire et nationale. Leur ouvrage s’intitule Le siècle du Règlement 17.
Ces dix-sept articles sont répartis en cinq thèmes: L’école franco-ontarienne et l’opinion anglo-canadienne, Les multiples voies de la résistance, Échos politiques et constitutionnels, Les représentations du Règlement 17 dans la sphère littéraire et artistique, La crise scolaire et la reconfiguration du champ intellectuel canadien-français. Faute d’espace, je ne m’arrêterai qu’à quelques-unes de ces dix-sept études.
Jack Cécillon, du Collège Glendon, analyse la crise scolaire telle que vécue dans le Sud-Ouest ontarien et démontre comment les francophones de cette région ont moins cherché à faire de vagues. Leur adhésion «au grand projet nationaliste canadien-français est parfois faible».
M. Cécillon note que le premier titulaire du poste de directeur provincial de l’instruction française est Aurèle Bénéteau (un Canadien français du Sud-Ouest), C’est faux, il s’agit plutôt d’Amédée Bénéteau. Il parle aussi d’abrogation partielle du Règlement 17 et l’éditeur écrit, en quatrième de couverture, qu’après quinze ans de lutte «le Règlement sera finalement abrogé». C’est faux. Il n’a pas été voté ni abrogé; il est discrètement disparu des statuts de l’Ontario en 1944.
Lucie Hotte, de l’Université d’Ottawa, se penche sur la fortune et les infortunes littéraires du Règlement 17. Il est beaucoup question de Jules Tremblay (1879-1927) qui écrit ses poèmes au cœur même de la crise, mais aussi de textes plus contemporains comme La quête d’Alexandre d’Hélène Brodeur, Obéissance ou résistance de Paul-François Sylvestre, Temps pascal de Daniel Poliquin et La parole et la loi du Théâtre de la Corvée.