Le poker se refait une santé sur Internet

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Publié 22/05/2007 par Bruno de Faria-Lopes

Depuis quelque temps, le poker est devenu un phénomène de mode. Tout particulièrement le poker en ligne. Le nombre de sites pour jouer ne cesse de croître et, face à la frénésie engendrée, certains États apprécient peu ne pas avoir de contrôle sur cette manne financière. De plus en plus de pays commencent à légiférer sur le sujet avec une certaine difficulté tout de même.

L’engouement lié à la croissance rapide des sites de poker sur Internet a bientôt fait d’atteindre les chaînes de télévision. Les sites de jeux en ligne, interdits l’an dernier aux États-Unis s’étaient alors tourné vers l’Europe pour se refaire une santé. Cela répondait parfaitement au nouveau besoin de promotion pour les sites et permettait de nouvelles rentrées publicitaires pour les chaînes.

En France, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) reproche désormais aux chaînes de télévision de promouvoir les sites de poker en ligne. Ces sites seraient assimilés à des maisons de jeux de hasard, relevant de la prohibition prévue par la loi du 12 juillet 1983 et du 21 mai 1836 relatif aux loteries prohibées.

Concrètement, des mesures restrictives ont déjà commencé à être appliquées. Le 26 mars dernier, Neteller, la plate-forme internationale de transfert d’argent, bien connue des joueurs de poker, a annoncé son retrait des marchés canadiens et turcs. Cette décision a été justifiée par les récentes mesures prises par les «régulateurs», les établissements financiers et les opérateurs de jeux, qui ont «accru les incertitudes planant autour de certaines activités liées aux jeux d’argent en ligne au sein de quelques juridictions», ont averti ses dirigeants.

Il faut dire que Neteller, société de l’Île britannique de Man a déjà eu quelques soucis dans un récent passé. Des joueurs en ligne, basés aux États-Unis, ont dû faire face à d’importants délais lorsqu’ils voulaient retirer de l’argent.

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Ces difficultés sont intervenues après que Neteller a vu une partie significative de ses fonds saisie par les autorités publiques américaines.

S’attaquer aux plate-formes qui rémunèrent les joueurs est la seule réelle solution pour enrayer le phénomène. Il est en effet impossible d’empêcher les gens de jouer, car les sites de jeux peuvent être hébergés dans n’importe quel pays.

La nouvelle loi votée par le Congrès américain a pour objectif d’empêcher les banques américaines et les établissements financiers gérant des cartes de crédit de transférer des fonds vers des sites de jeux d’argent en ligne. Mais le texte manque de clarté quant aux institutions financières utilisées pour verser des fonds aux salles virtuelles.

Même chose au Canada. Il est illégal d’héberger un site de jeu à argent réel ou d’en donner l’accès mais pas de jouer. D’après Judith Glynn du Centre de la recherche sur le jeu problématique, «il y a un appétit pour la restriction au niveau fédéral et régional, mais pas de consensus».

Une activité difficile à encadrer

Le haut débit sur Internet a apporté une dimension nouvelle: la possibilité de jouer en réseau avec des amis ou des inconnus décuple les champs d’applications. Une paire! Un brelan! Un full ou bien un carré d’As… et hop c’est dans la poche.

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Il est désormais facile de se mesurer à n’importe quel inconnu, habitant à l’autre de bout de la planète. De bluffer un Japonais à trois heures du matin ou bien de perdre 200$ qui iront dans le compte d’un Parisien qu’on ne croisera sûrement jamais dans sa vie. Tout cela est possible grâce aux nombreux sites de poker en ligne, qui fleurissent depuis déjà quelques mois, voir quelques années.

Chaque jour, près de 100 millions $ US sont échangés sur Internet. Des tournois sont organisés tous les jours, et on peut également jouer simplement en s’asseyant virtuellement à une table de jeux et repartir quand bon nous semble… c’est-à-dire après quelques heures, voire des nuits entières pour les accrocs.

La version la plus prisée par les internautes est le Texas hold’em. Joué avec de l’argent fictif ou avec des micro limites de 0,01 $ par exemple, Internet est un bon moyen de se familiariser avec les règles, les astuces et de développer ses propres stratégies.

Ensuite, plus on grimpe dans les limites, plus les joueurs sont forts. Il ne faut pas brûler les étapes et il faut être patient. En théorie, tout le monde peut devenir un bon joueur de poker. Il faut tout de même se familiariser avec le jeu pendant quelques mois, avec de l’argent fictif, avant de passer à de l’argent réel. Un mauvais clic pourrait coûter cher.

Mais qu’est-ce qui a rendu le poker si populaire tout à coup? Tous les joueurs rencontrés, qui ont commencé il y a quelques mois, s’accordent à dire que leur passion a été avivée par la diffusion télévisée du World Poker Tour ou encore des World Series of Poker. De quoi démocratiser un jeu qui n’avait pas forcément une bonne réputation. D’habitude ce sont les méchants qui jouent, dans les films de cow-boys par exemple, et ça se termine toujours au colt, avec des morts et des tricheurs démasqués.

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D’ailleurs l’histoire du dernier James Bond tourne autour d’une partie de poker. Coïncidence ou pas, le thème du film tombe pile au bon moment, alors que les esprits sont happés par les charmes du jeu.

Comme il est facile de jouer avec n’importe qui, voici un Parisien accroc depuis sept mois déjà. C’est le parfait exemple du nouveau joueur en ligne. Attiré par la simplicité mais aussi la complexité du jeu et par le gain tout à fait possible, Fazil Hafiz passe entre une et cinq heures par soirée devant son PC.

«Ce qui m’a fait franchir le pas, c’est la diffusion du poker à la télévision et le fait que ce n’est pas un jeu de pur hasard, mais qu’il y ait une grande part de stratégie. En plus le fait de savoir qu’il était possible de gagner un tournoi en étant amateur m’a vraiment fait rêver», déclare-t-il. C’est ça le poker, une possibilité toujours à portée de main. Et bien plus accessible sur Internet. Les interfaces de jeu sont simples, elles permettent une vue d’ensemble claire quant aux tapis des adversaires.

Une passerelle vers les salles… mais pas forcément

Il est surprenant de voir à quel point ce jeu est devenu une mode. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la fréquentation des sites en ligne et des cercles de jeux un peu partout, avec une moyenne d’âge souvent très basse.

Selon Fazil, les soirées poker entre amis sont également devenues très fréquentes depuis l’explosion du poker en ligne: «C’est un bon moyen de voir ses amis et de s’amuser pour pas cher. À chaque fois de nouvelles personnes sont emballées par ce jeu. Je pense que ça s’explique par le fait que quelque part le poker ressemble à la vie. Il faut être agressif, être malin, et savoir cerner ses adversaires psychologiquement pour pouvoir s’en sortir dans ce jeu. Et quand on gagne, on a vraiment l’impression d’être sur le toit du monde.»

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Néanmoins, beaucoup de joueurs qui réussissent sur Internet n’arrivent pas à confirmer en salle. Les tournois à faibles enchères sont généralement des usines à fric pour les organisateurs et les joueurs ne sont pas respectés. Il faut se dépêcher de liquider une partie, parce que les vrais tournois sont programmés juste après. Pour les joueurs débutants, c’est fréquemment une mauvaise expérience, et beaucoup ne retentent pas le coup.

À noter également que seulement environ 10% des joueurs en ligne sont gagnants. Ce sont ceux qui jouent patiemment et qui lisent la presse spécialisée. Car le poker a ses secrets et un fonctionnement bien souvent mathématique.

Tout genre de conseils sont disponibles sur Internet. Une myriade de sites ont éclos, dans lesquels les passionnés partagent leurs recommandations avisées pour l’amour du jeu.

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