Depuis 10 ans, la communauté scientifique plonge dans les méandres du cerveau des buveurs, mais également dans celui des fumeurs et des adeptes de drogues douces, ou plus fortes, afin de comprendre un peu plus les rouages.
«La nicotine et l’héroïne forment un couple très addictif, mais l’alcool est une des substances endommageant le plus les neurones», explique la professeure en psychiatrie de l’Université de Montréal, Patricia Conrod.
Cette quête de la prédisposition à l’addiction la passionne tant qu’elle a fondé un groupe de recherche sur les dépendances et le cerveau au sein de l’initiative Enigma Consortium Brain, un vaste rassemblement mondial de généticiens, des neurologues, des spécialistes en imagerie et autres scientifiques mordus de génomique et de neurologie.
Au sein du réseau Enigma –du nom des célèbres machines allemandes chargées de coder et décoder les messages secrets nazis – les chercheurs tentent à leur tour de percer le code génétique du cerveau. Ils s’efforcent, plus précisément, à comprendre ses structures, ses fonctions et ses maladies, en liant l’imagerie cérébrale et les données génétiques.
Pour y arriver, ils ont accès à des données prélevées sur des milliers de patients. À l’aide de la création d’algorithmes de script et de standardisation, chaque équipe de recherche «traduit» les métadonnées ainsi harmonisées dans un groupe central accessible à chaque scientifique membre d’Enigma.
«Avec un accès à ces données, nous observerons des choses qui sont difficiles à percevoir au sein de modestes échantillons; de nombreuses études portent sur 20 sujets seulement, c’est pour cela qu’il est souvent hasardeux d’associer un gène à un comportement», relève la chercheuse du CHU Ste-Justine. L’analyse des cerveaux de 14 000 patients l’aidera aussi à mieux cerner, par exemple, les gènes de susceptibilité en œuvre dans l’initiation de la dépendance à un jeune âge.