Un dictionnaire fantastique

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Publié 10/02/2015 par Gabriel Racle

Connaissez-vous le sciapode? Non! Alors peut-être avez-vous entendu parler du leucocrote? Bon, cela ne vous dit rien. La guivre aura sans doute retenu votre attention lors d’un concours télévisé, d’un mot croisé ou d’un autre divertissement? Pas plus! Pourtant tous ces mots existent et ne sont pas inventés par un chroniqueur fantaisiste.

Mais pour parfaire vos connaissances, jusque-là tenues en échec, vous avez besoin d’un ouvrage de référence qui ne figure pas encore dans votre bibliothèque, d’un dictionnaire qui vous aidera à briller de mille feux d’un savoir tout neuf, en toutes circonstances, et cet ouvrage est disponible sous un titre qui invite au voyage: Bestiaire fantastique des voyageurs.

Depuis la nuit des temps, des voyageurs ont peuplé les mondes lointains ou proches d’êtres aussi fascinants qu’effrayants.

Sur la couverture du Livre des miracles, présenté dans L’Express du 18 mars 2014, on pouvait voir une créature extraordinaire qui aurait été retrouvée près de Rome, sur les bords du Tibre, après une crue du fleuve. Mais le nom de cette étrange figure nous reste inconnu.

Se trouverait-il dans ce dictionnaire que nous préposent les éditions Arthaud? Peut-être, car il recense les noms de créatures mythiques, de monstres légendaires, d’animaux improbables, de bestioles aussi extraordinaires que fantaisistes, mais aussi des animaux réels dont les premières descriptions ont prêté à équivoques, à interrogations ou à manipulations, et ont évolué avec le temps.

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À parcourir cet étonnant ouvrage, on se rend compte que si l’imagination humaine, la fiction dépassent souvent la réalité, il arrive aussi que la réalité décrite sous ses formes les plus étranges dépasse l’imagination. N’a-t-on pas fait du serpent un dragon à cause d’un péché originel, en passant ainsi du réel au mythique?

Ressorts psychologiques

On peut donc faire de cet ouvrage une lecture diversifiée selon les goûts ou les intérêts de chacun. Sur le plan psychologique, on peut se demander pourquoi certains animaux fabuleux ont vu le jour: pour effrayer, moraliser, expliquer, étonner ou simplement pour laisser libre court à l’imaginaire?

On pourra s’intéresser aux animaux réels, dont les descriptions originelles prêtaient à confusion, ou qui ayant réellement existé ont disparu. C’est le cas du dodo, cet oiseau découvert sur l’île Maurice en 1598 par les marins hollandais et qui, ayant servi de nourriture aux équipages de passage — il ne volait pas — a totalement disparu.

Curieusement, il n’est pas fait mention du Grand Pingouin, un autre oiseau incapable de voler, que l’on trouvait notamment dans l’est du Canada, qui a disparu sans doute pour les mêmes raisons. La dernière mention de cet oiseau remonte à 1848.

Il ne reste que le Petit Pingouin, un oiseau noir et blanc de l’Atlantique Nord, qui vole. Il n’y a pas de pingouin dans l’hémisphère Sud, contrairement à l’utilisation de ce mot par le français de France qui l’emploie pour parler des manchots.

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On peut aussi s’adonner à une lecture historique à travers les bestiaires de diverses époques, des mythologies grecques ou romaines aux légendes médiévales, jusqu’à nos jours, si l’on pense au Yéti ou au Sasquatch (dont l’entrée se fait malencontreusement sous l’anglais Bigfoot).

Réalité et imaginaire

Pour le coordonnateur de cet ouvrage, qui a nécessité le travail d’un grand nombre de contributeurs, «ce n’est pas tant le caractère fictif des animaux qui commande aux entrées de cette encyclopédie. Ce qui compte, contrairement à la science-fiction, c’est que ces créatures aient été décrites comme réelles lorsqu’elles furent inventées.»

«Car la frontière entre le réel et l’imaginaire est régulièrement franchie, voire brouillée. Dans de nombreux récits d’aventuriers, les crocodiles et les reptiles deviennent des dragons.» (Wikipédia)
«L’équipe de spécialistes et d’universitaires réunie par Dominique Lanni pour rédiger ce dictionnaire est allée puiser ces «créatures légendaires, mythiques, improbables et parfois même affreusement réelles» dans différentes sources. Folklore populaire, bestiaires médiévaux, sommes savantes, crypto-zoologies, récits de voyages, fictions et bandes-dessinées, traités d’histoire naturelle…»

Un monde de découvertes

Parcourir ce répertoire du fantastique, c’est s’adonner au plaisir de la découverte, en allant sans cesse du surprenant à l’étrange, de l’étrange au fabuleux, du connu à l’inconnu, de l’hilarant à l’effrayant. Bref, c’est se divertir en s’instruisant ou s’instruire en se divertissant.

Au fait, le sciapode est un monstre vivant dans les régions australes. Pour se protéger du soleil, ces hominidés se feraient de l’ombre avec leur immense pied. Leur nom viendrait du grec qui signifie «se fait de l’ombre avec les pieds».

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Le leucocrote est un animal difficile à décrire et l’illustration de la page 238 (il y a de nombreuses illustrations dans ce dictionnaire) n’est pas de trop pour voir à quoi ressemble ce parent du cocrote qui serait une sorte de chien-loup à la dentition superpuissante.

La guivre ou vouivre est un dragon ailé que les chevaliers devaient affronter dans leurs errances.

Et il y a le Léviathan, le zaratan, l’haffstramb et bien d’autres qui vous attendent.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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