Octobre 1988, deux étrangers attendent le comité d’accueil de l’Alliance des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) à l’aéroport de Léningrad.
Odette a l’impression d’être remontée dans le temps, en 1945. L’aérogare délabrée lui apparait terne et lugubre. Chargée de la diffusion du droit international humanitaire (1) au nom de la Croix-Rouge canadienne, la jeune femme participe au séminaire d’information du DIH organisé à Léningrad par le Comité International de la Croix-Rouge (CICR). L’événement international vise à permettre aux Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge d’échanger autour des outils de contribution à la paix dans le monde.
Il n’y a personne dans l’aérogare sauf quelques employés locaux faisant fi de la présence d’Odette et de son homologue de la Croix-Rouge italienne, Paolo, tout juste arrivé de Rome. Soudain on leur fait signe de se diriger vers une lourde limousine soviétique. La voiture s’arrête devant l’hôtel Pribaltiïskaïa, un immense palace, où les deux collègues rejoignent une soixantaine de participants au séminaire regroupés dans le spacieux lobby.
Les règles sont strictes: il est obligatoire de participer avec ponctualité à toutes les activités sous escorte des membres de l’Alliance. Il est interdit de quitter l’hôtel en tout temps. Sauf durant les sorties de groupe planifiées par les hôtes où la grande pauvreté des Léningradois défile sous le triste regard d’Odette, alors que Gorbatchev poursuit les réformes économiques et sociales (la perestroïka).
Chacun partage ses expériences sur le terrain. Odette revient d’une mission au Pakistan. Le pays est affecté par les déplacements de millions de réfugiés afghans en raison de la guerre en Afghanistan (2) opposant l’armée de l’URSS aux moudjahidines. Des centaines de blessés afghans sont transportés jour et nuit par la route extrêmement périlleuse depuis l’Afghanistan jusqu’à l’hôpital de guerre du CICR situé à Peshawar, ville frontalière au nord du Pakistan.