Invitation à explorer les voix/voies intérieures

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Publié 11/11/2014 par Paul-François Sylvestre

Romancière, nouvelliste, poète et essayiste, Martine Jacquot est une figure littéraire très connue en Nouvelle-Écosse, où elle demeure, et en France où elle a publié pas moins de six romans. Son tout dernier ouvrage s’intitule Les oiseaux de nuit finissent aussi par s’endormir. Ce roman impressionniste l’a fait entrer de plain-pied dans la littérature pancanadienne.

L’auteure raconte l’histoire d’Ève, une interprète et globe-trotter en quête de sa propre existence. Ne vous attendez pas à une intrigue corsée ou à des rebondissements spectaculaires. En vingt pages, vous apprendrez souvent ce qui s’écrit en à peu près vingt lignes; le reste est réflexion, méditation et introspection. On encore description d’une atmosphère, d’une impression, d’un sentiment.

Ève a toujours l’impression «d’être de passage, oiseau migrateur solitaire et pressé, sachant qu’elle repartirait incessamment, qu’elle retournerait hanter des rues d’autres continents». Elle se demande pourquoi la vie lui fait croiser des gens auxquels elle ne peut s’accrocher, car il y a toujours en elle «ce besoin d’aller ailleurs, comme si là où elle se trouvait, il n’y avait jamais rien qui vaille».

Dans Les oiseaux de nuit finissent aussi par s’endormir, l’auteure démontre, tout en nuances, que ce qui compte dans la vie, c’est le regard de ceux qui nous aiment. Du coup, on y apprend que «tout a une raison d’être, il suffit de chercher le sens de ce qui se passe».

L’auteure a beaucoup voyagé et elle aime glisser des descriptions de villes visitées qui l’ont marquée. À Moscou, ce n’est pas tant l’architecture qui la surprend, mais ce «monde du chacun pour soi, du débrouille-toi comme tu peux».

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À Paris, elle pénètre dans un village, «une mosaïque de villages collés les uns contre les autres». À Tanger, elle reste mythique devant le «regard de ceux qui voient à travers l’invisible».

Et à Prague, elle devient un personnage kafkaïen qui avance «es mains tendues, comme une aveugle, sans savoir comment elle s’en sortira».

J’ai parfois trouvé que le roman était teinté de quelques digressions hors de place ou carrément ennuyantes, comme des propos sur «l’embourbement créé par le colonialisme». En revanche, on y trouve un style peaufiné qui donne des jeux de mots comme «ne plus avoir de père signifiait alors ne plus avoir de repères».

Si vous aimez explorer les voix/voies intérieures, je vous recommande Les oiseaux de nuit finissent aussi par s’endormir. Vous y trouverez et un parcours intéressant et un écho retentissant.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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