Dans ses Chroniques du Plateau-Mont-Royal, Michel Tremblay nous a fait connaître le vieux garçon Édouard, dit la duchesse de Langeais, au sommet de sa gloire.
Voici qu’il nous ramène à l’adolescence d’Édouard dans le Montréal de 1930 avec Les clefs du Paradise. On assiste à la naissance de cette duchesse qui deviendra le singulier personnage de la folle des nuits de la métropole.
Les clefs du Paradise met en scène une kyrielle de personnages que les fans de Tremblay connaissent déjà: Victoire, Télesphore, Albertine et Josaphat-le-Violon, pour n’en nommer que quelques-uns. Le roman nous apprend que, enfant, Édouard ne s’intéressait pas à ce qui piquait la curiosité de ses sœurs, cousins ou amis; «il se sentait souvent seul, le mot rejet n’étant pas encore entré dans son vocabulaire».
À 17 ans, Édouard Tremblay sait qu’il est différent des autres. Il l’accepte – dans l’espoir d’en trouver d’autres comme lui – et il a hâte d’aller explorer le grand monde, «c’est-à-dire le boulevard Saint-Laurent où, semblait-il, se tenaient tous ceux que la société rejetait».
Engagé comme vendeur de chaussures sur l’avenue du Mont-Royal, Édouard est vite apprécié des dames, mais les hommes le trouvent prétentieux, efféminé et trop bavard. Plusieurs devinent en lui «le vieux garçon».