Lorsque le Franco-Ontarien Joseph Charbonneau démissionne comme archevêque de Montréal, en 1950, on a cru à l’intervention du premier ministre Maurice Duplessis, suite à l’appui que Mgr Charbonneau avait donné aux grévistes d’Asbestos. Il n’y a rien de plus faux, selon Denise Robillard, qui signe Monseigneur Joseph Charbonneau, bouc émissaire d’une lutte de pouvoir.
Né à Lefaivre (dans l’Est ontarien) le 31 juillet 1892, Joseph Charbonneau est ordonné prêtre en 1916, devient tour à tour vicaire dans l’Outaouais et dans l’Est ontarien, puis supérieur du Petit et du Grand Séminaire, vicaire général de l’archidiocèse d’Ottawa, évêque de Hearst (9 mois), archevêque de Montréal (10 ans) et «exilé» à Victoria. Il est décédé le 19 novembre 1959.
L’auteure note que Joseph Charbonneau mesurait six pieds et deux pouces (1,88 m), avait un sourire engageant, affichait une très grande sensibilité et souffrait de timidité. C’était «un homme simple, mais direct, d’un caractère entier».
Vicaire général durant la crise du Règlement 17, le jeune prélat est considéré par les leaders nationalistes comme un «vendu aux Irlandais et un traître à sa race» en raison du rapprochement qu’il prônait entre francophones et anglophones.
Denise Robillard précise que Mgr Charbonneau demeurait certes un patriote, sans pour autant devenir fanatique. «Il était favorable à un patriotisme raisonné», un patriotisme respectueux des autres gens de culture différente. «Cette attitude tolérante lui aurait valu le reproche d’être un anglais», voire «un homme dangereux». À cet égard, Charbonneau a eu maille à partir avec le grand manitou du journal Le Droit, le père oblat Charles Charlebois.