Quand l’art crie les non-dits

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Publié 25/02/2014 par Sonia Baritello

Chaque visage porte une histoire. Certains nous marqueront, d’autres n’imprimeront pas nos mémoires, quelques-uns s’effaceront progressivement. Une chose est sûre, si vous passez les portes de la galerie Thompson Landry à la Distillerie ces prochains jours, vous ne serez pas prêts d’oublier ceux des personnages, aussi curieux soient-ils, de l’artiste montréalais Sylvain Coulombe.

Confusion. C’est un peu ce que l’on peut ressentir à la vue de ces étranges personnages.

Fatigués, usés, aux corps déformés, marqués par la vie et par le temps. Ils vous fixent d’un œil attentif et profond, dans un large silence, comme s’ils pouvaient lire en vous, mieux que vous ne pourriez le faire à leur égard.

Froideur, souffrance? C’est un peu la première impression. Mais il suffit de regarder plus attentivement, pour voir ces personnages d’un autre œil. Parce qu’en fait, ils vous renvoient à votre propre histoire.

«J’adore ce qui est vieux, ce qui a vécu. Ces personnages portent sur eux les traces du temps, sur les corps, sur la vie, et les histoires qui vont avec.

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C’est ça, la richesse de l’âme», explique l’artiste. «Ils révèlent les obstacles de la vie, l’idée de persévérance. Dans la vie, il faut travailler dur pour apprécier quelque chose. Et des fois, c’est lourd à porter», ajoute-t-il. Lourd à porter, une idée qui inspirera notamment le titre de l’un de ses tableaux.

Dialogue avec l’oeuvre

Les non-dits. C’est un peu de là que part la réflexion de l’artiste.

Ce dernier a choisi le figuratif, plus contemporain, de manière à confronter le spectateur à l’œuvre, afin qu’il puisse en extraire son propre message.

«Chaque tableau a une histoire, un sens. Mais le but n’est pas que le spectateur le voit à travers mon histoire, mais plutôt qu’il créé son propre dialogue avec l’œuvre. C’est ça qui est l’fun!»

Variété de palettes, couches de couleurs, compositions géométriques… l’artiste montréalais parcourt ses émotions les plus profondes et joue avec les sentiments, les émotions, au fil des textures, notamment boisées. Influencé par Picasso, Mondrian, mais aussi par l’architecte Gaudi, il crée la confusion, joue avec les paradoxes, en associant des personnages austères, pâles, aux expressions complexes, à un arc-en-ciel de couleurs, souvent pastelles.

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Et pour mettre au point cette exposition, sa première à Toronto, il aura passé quatre mois, sept jours sur sept, à travailler dans son atelier, souvent sur un «petit air de jazz».

Des œuvres qui contrastent un peu avec la personnalité vive de l’artiste, qui «y va au plaisir».

«Il faut créer un équilibre», explique-t-il. «Je ne sais jamais ce que je vais faire avant de commencer. C’est la toile qui m’indique où je vais.»

Variété de thèmes

Travail, persévérance, amour, manipulation, dévotion, pouvoir… L’artiste aborde une variété de thèmes du quotidien, à travers les expressions de ses personnages, qui se ressemblent énormément, mais qui ont chacun leurs histoires et messages à délivrer.

Et la préférée de Sylvain Coulombe, celle qui a passé le plus de temps avec lui, c’est Jeux Dangereux. À travers cette œuvre, Sylvain Coulombe met en évidence un lien important entre les deux personnages, et l’idée de la manipulation, dans le cadre d’une relation amoureuse. Il joue donc sur la prolongation du bras, et sur la tête du second personnage, représentée comme un «ballon de basket» pour évoquer ce thème.

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Au fil de la visite, on change un peu d’avis sur ces personnages. Silencieux et froids à la première approche, ils dégagent ensuite une impression de sagesse, apaisés, bercés par l’éternelle mélodie du temps, qu’eux seuls peuvent entendre. Un peu comme s’ils voulaient simplement vous en apprendre plus sur vous-mêmes. À vous d’écouter de plus près.

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