Le communisme est directement responsable de 100 millions de morts au 20e siècle, sous toutes les latitudes, nulle part plus cruellement qu’au Cambodge sous Pol Pot de 1975 à 1979.
C’est le propos de L’image manquante, le seul film en français parmi les huit à l’affiche du Human Rights Watch Film Festival, coprésenté par le Festival international du film de Toronto (TIFF) et l’organisme bien connu Human Rights Watch, de retour pour une 11e année du 27 février au 6 mars.
Présenté le 3 mars à 18h30 au TIFF BellLightBox, rue King ouest, le film de Rithy Panh, primé à Cannes l’an dernier, offre une lente et longue chronique de la destruction physique et morale du Cambodge, suite à la prise du pouvoir par les Khmers Rouges, dans la foulée du retrait des Américains du VietNam voisin.
Les bombardements américains et le mauvais traitement des paysans avaient discrédité l’ancien régime, mais rien ne préparait les Cambodgiens et le monde à la folie collectiviste de l’Angkar («l’organisation»), qui a commencé par vider la capitale Phnom Penh, envoyant tous les «petits bourgeois» et autres «valets de l’Occident corrompu» aux champs, véritables camps de la mort à ciel ouvert.
La stratégie visuelle de Rithy Panh (franco-cambodgien né au Canada) est audacieuse: des centaines de petits personnages grossièrement sculptés dans la glaise – mais en même temps terriblement expressifs – illustrent les scènes d’exode, de travail forcé, de maladie et de mort, alternant avec du piétage de reportage et de propagande communiste d’époque.