Un pays de justice

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Publié 14/11/2006 par Angèle Bassolé

Le Canada a une bonne réputation à l’international pour sa qualité de vie, ses politiques ouvertes et humaines d’immigration, pour sa prospérité économique et pour le bon fonctionnement de sa démocratie.

Mais la qualité la plus importante du Canada reste l’ouverture de sa population aux autres et son sens profond de justice sociale. Les Canadiennes et les Canadiens défendent bien cette réputation et s’il y a une chose pour laquelle ils pourraient se fâcher avec vous, c’est que vous les compariez à leurs voisins américains.

Ils vous feront comprendre fermement mais gentiment qu’ils sont bien sûr sur le même continent nord-américain mais qu’ils ne ressemblent en aucun cas aux Américains.

Et cela est vrai au niveau de leur sens profond de la justice. Les Canadiennes et les Canadiens sont des pacifistes. Ils sont de tous les combats pour des causes justes tant au Canada qu’à l’international. Je les ai vus à plusieurs rallyes, à – 40 degrés, bravant le froid pour dire non à la guerre en Irak.

Je les ai encore vus sortir nombreux soutenir le peuple libanais et palestinien lors de la récente guerre israélo-hesbollah quand leur gouvernement soutenait ouvertement Israël.

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Les Canadiennes et les Canadiens sont de toutes les luttes pour un monde meilleur. Ils se sentent toujours concernés par ce qui se passe ailleurs. Les combats des autres sont leurs. Ils abhorrent profondément l’injustice et se mobiliseront pour la dénoncer et la réparer d’où qu’elle vienne.

Récemment, une commission a condamné la Gendarmerie royale du Canada et ce faisant, le gouvernement canadien, pour avoir contribué à faire déporter injustement par les Américains un Canadien d’origine syrienne, Maher Arar.

De retour d’une visite de sa belle famille en Tunisie et en escale à New York le 26 septembre 2002, cet honnête citoyen canadien a été interpellé par les autorités américaines dans leur rage post-11 septembre et déporté en Syrie sans autre forme de procédure le 8 octobre 2002.

Sur la base de faux renseignements fournis par la GRC aux Américains, M. Arar a été accusé sans preuve aucune, de terroriste, d’extrémiste islamiste lié à Al-Qaïda, déporté dans une prison syrienne où il a été détenu et torturé pendant un an.

Sa femme a alerté l’opinion canadienne qui l’a soutenue dans ses efforts pour faire libérer son époux par des manifestations, des lettres, des sorties dans les médias, etc.

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Une commission d’enquête fut mise en place et son président, le juge Dennis O’Connor a rendu public son rapport le lundi 18 septembre 2006, blanchissant M. Arar de toutes les fausses accusations portées contre lui.

Mieux, le juge a sévèrement blâmé les services canadiens et recommandé une révision en règle du fonctionnement et des procédures de la Gendarmerie royale canadienne (GRC) et des excuses publiques de la part de son directeur.

Après 10 jours de silence, le directeur de la GRC a finalement obtempéré et présenté ses excuses et ceux de son département à M. Arar et à sa famille.

Le juge a en outre suggéré que le gouvernement canadien dépose une plainte officielle contre la Syrie et les États-Unis pour le traitement réservé à M. Arar et demandé au gouvernement canadien de répondre favorablement à la requête de dédommagement financier de M. Arar.

Ce dénouement heureux revient à la détermination de l’épouse de M. Arar mais aussi et surtout à la mobilisation des Canadiennes et des Canadiens contre cette injustice.

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Quand on voit comment l’impunité règne en maîtresse dans les pays d’Afrique et dans les autres pays où la démocratie n’est qu’un vain mot, on a envie d’être fier du peuple canadien. Fier de sa détermination et de sa capacité de mobilisation à défendre la veuve et l’orphelin.

Ne serait-ce que pour cela, le Canada mérite le label du meilleur pays au monde, un pays où les mots et les concepts ont un sens. Un pays où ses citoyens sont aussi citoyens du monde. Un pays où la justice sociale et la solidarité ne sont pas que des slogans. Un pays de justice.

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