On a beau être en février et donc très loin de l’heure des bilans, mais il n’est pas prématuré de parler ici de la réédition de l’année. Enfin, de ma réédition de l’année.
Ce trésor trop longtemps égaré dans les limbes de vinyle – et qu’une poignée de mélomanes avisés attendait depuis des lustres – a pour titre In My Own Time, de Karen Dalton. Karen qui, me direz-vous?
Pour simplifier, disons que si Billie Holiday était née dans une cabane de mineurs au fin fond du Kentucky, elle aurait probablement possédé la voix de cette mystérieuse métisse (mi-Cherokee, mi-Blanche) qui fréquentait déjà la scène folk new-yorkaise depuis une dizaine d’années quand on lui proposa enfin, en 1969 et 1971, d’enregistrer deux microsillons.
Aussi soigné dans sa préparation qu’imprévisible dans ses interprétations, le second d’entre eux, In My Own Time, nous est enfin restitué, dans une superbe pochette cartonnée, par le label américain Light In The Attic.
Entourée de la plupart des musiciens qui accompagnaient alors Janis Joplin au sein du Full Tilt Boogie Band (parmi lesquels se signalent le pianiste Richard Bell et l’organiste Kenny Pearson, tous deux Canadiens), Dalton brouille les pistes entre roots rock, country crève-cœur, blues et soul (y allant même d’une superbe reprise de How Sweet It Is).