En 1997, à Tours, Pierre Léon a publié L’Odeur du pain chaud, le récit de son enfance en Touraine. Quelques semaines avant la mort de Pierre le 25 septembre dernier, les Éditions du Gref ont fait paraître une réédition et une traduction de ce récit autobiographique où l’écrivain retrouve avec attendrissement et amusement le petit garçon taquin qu’il était mais aussi les gens qu’il a bien connus et aimés, dans un hameau de Touraine. Avec tendresse, verve et humour, il raconte les années 1926-1938.
La maison de Roches Saint-Paul, où Pierre est né, a été comme un nid, un lieu «entre le bonheur de se sentir protégé, encore un peu couvé, et la griserie du vide de la liberté».
Fils d’un boulanger, Pierre a été un écolier studieux et espiègle. L’année du certificat, il se souvient d’avoir eu à pasticher des phrases de Proust et de Péguy. «J’adorais ce genre d’exercice où j’ai peut-être attrapé le goût de l’écriture.»
L’école était publique, donc non confessionnelle. Pierre a appris les préceptes de l’Église catholique auprès d’une «grenouille de bénitier» qui gagnait des indulgences en priant et son pain en enseignant le catéchisme le jeudi (jour de congé). Les définitions du catéchisme lui étaient plus difficiles à retenir que celles inventées à la récré: «Les yeux bleus vont aux Cieux, les yeux verts vont en Enfer, les yeux gris vont au Paradis et les yeux marrons dans le trou d’un cochon.»
Le récit est truffé de mots tourangeaux. Un coup de breton est un verre de vin local, une loche est une limace, un coquius est un pissenlit et un traignier est un romanichel. Les enfants dans la famille Léon sont des drôles.