Dans la tête de Cronenberg

Exposition et rétrospective au TIFF

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Publié 29/10/2013 par Alice Fabre

Ses films se situent aux confins du biologique, du sexuel et du psychologique. Sa caméra tourne autour des corps, explore leur transformation, leur mutilation. L’œuvre de David Cronenberg est foisonnante. Les thèmes qu’il parcourt l’ont conduit à devenir le maitre du genre «body horror», littéralement «l’horreur du corps».

De The Fly à Dead Ringers en passant par A History of Violence et A Dangerous Method, Cronenberg a établi un univers qui lui est propre, visuel et contrôlé.

Le TIFF a décidé de lui rendre hommage à travers le Cronenberg Project. Plus qu’une simple rétrospective, cet événement comprend aussi une exposition, David Cronenberg : Evolution, qui dure de novembre à janvier, et ambitionne de faire voyager le visiteur dans l’esprit du réalisateur torontois. Comprendre ses films, sa manière de tourner ainsi que ses problématiques.

«Au fil du temps, on a collecté des objets qu’utilise David dans ses films. C’était devenu une évidence que quand le festival aurait son propre bâtiment, il aurait son exposition», déclare Piers Handling, le directeur du TIFF. Le TIFF propose également des expériences interactives, comme un musée virtuel.

L’exposition est divisée en trois sections. La première Who is my creator? concerne les premières œuvres du réalisateur, de Stereo à Videodrome. «Ses personnages sont des scientifiques qui font toutes sortes d’expériences», commente Piers Handling.

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Puis vient la période Who am I? qui comprend les films comme Dead Zone, The Fly ou Dead Ringers. «À ce moment là le cobaye et le scientifique deviennent une seule et même personne. Les expériences tournent autour de la sexualité, explorant la technologie.»

Enfin, dans la dernière partie, Who are we?, dans laquelle on retrouve ses derniers films, David Cronenberg explore davantage l’engament individuel social de l’être humain. «Avec A History Of Violence, ou A Dangerous Method, il réfléchit aux sens des interactions sociales, notamment autour de la famille.» Dans ses derniers films, la science-fiction a disparu pour laisser place à de nouvelles réflexions, sur l’identité et l’individu.

Collaborateurs

Piers Handling n’a pas fait les choses à moitié. Tout au long de l’exposition, les collaborateurs et amis de Cronenberg vont se succédés pour partager leurs expériences de tournage.

Comme Stephan Dupuis: le chef maquilleur qui officie dans la plupart de ses films, récompensé pour son travail dans The Fly, viendra présenter le film au public samedi 2 novembre. Il avait 21 ans quand il a commencé à travailler avec David Cronenberg, pour le film Scanners. «Avec David on a cliqué tout de suite», raconte-t-il. «C’est devenu une affaire de famille».

Sur The Fly, Stephan explique qu’à l’inverse du film de 1950, David Cronenberg voulait que la transformation soit lente et insidieuse. «Il est très ouvert aux idées des autres», assure le maquilleur. «Mais ce n’est jamais ‘business as usual’. Il y a toujours ce mélange entre la chair et la technique. C’est souvent de vrais défis.»

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Les deux films qui l’ont le plus marqué sont The Fly et A Dangerous Method. Dans ce dernier, Stephan Dupuis s’est appliqué à faire ressembler Vigo Mortensen au psychanalyste Sigmund Freud. «C’est un maquillage invisible», note-t-il. Signe que David Cronenberg s’est éloigné du fantastique de ses débuts. La thématique du corps et de l’esprit malade est toujours présente mais est traitée de façon plus introspective.

D’autres réalisateurs

Enfin, Colin Gueddes, programmateur international du TIFF, propose en parallèle de l’exposition une rétrospective générale pour plonger le visiteur au cœur du genre de «l’horreur du corps». «J’ai choisi des réalisateurs contemporains de Cronenberg, et d’autres plus tardifs qui ont été influencés par son œuvre», explique Colin Gueddes.

De Altered States, de Ken Russel, à Sisters de Brian de Palma, l’occasion est donnée au spectateur de revoir sur grand écran des classiques du genre «et de redécouvrir des pépites d’effets spéciaux», assure Colin.

«Dans The Thing, de John Carpenter, qui date de 1982, il y a des effets faits à l’ordinateur qui sont plus captivants qu’Avatar!».

«Il n’y a pas un sens unique aux films de Cronenberg», conclut Piers Handling. « Il pose des questions ouvertes sur la nature de l’homme, et d’autres notions fondamentales. Mais les réponses qu’il propose peuvent être lues de différentes façons. Son travail est profondément ambigu.»

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Renseignements

Programmation complète
Exposition du 1er novembre au 19 janvier

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