Frites, choucroute et bulles

Peu de voyages proposent une visite guidée de la Belgique. Aussi, lorsque j’ai découvert un circuit touristique qui incluait Bruxelles, Bruges, Gand et Namur, j’ai sauté sur l’occasion. D’autant plus que l’itinéraire s’intitulait «Bière, vin et champagne», avec des arrêts également au Luxembourg, à Fribourg (Allemagne), Lucerne (Suisse) et en Alsace (France).

C’est la première fois que je faisais un voyage avec Vacances Transat. Une première qui risque peut-être de se répéter, car tout était «A1»: guide, hôtels, groupe, visites et dégustations. Mon groupe comprenait 34 Québécois et un Franco-Ontarien. Notre guide Didier Saint-Jean était un Wallon aussi connaissant que sympathique.

La Belgique ne défraie pas souvent les manchettes. Le pays semble discret, mais il compte de grands noms dans le domaine des arts, de la littérature, de la chanson et du cinéma: Rubens, Bruegel, Jacques Brel, Simenon, Hergé, Magritte, Maurane, Lara Fabien et Jean-Claude van Damme.

C’est un État où règne le clivage linguistique: six millions de Flamands (néerlandophones), trois millions de Wallons (francophones) et un million dans l’enclave bilingue de Bruxelles. Il y a peu de Belges qui parlent les deux langues; en Wallonie l’anglais est plus populaire que le néerlandais, et en Flandre l’allemand l’emporte sur le français.

La Grande Place de Bruxelles jouxte les rues Lucky Luke et Dupont & Dupond. La capitale arbore fièrement des sculptures de Tintin, Gaston Lagaffe et Spirou. On peut admirer pas moins de 47 fresques de bandes dessinées dans la capitale belge.

Jupiler et frites

La Belgique est connue pour son chocolat Godiva, sa bière Stella Artois, ses frites et ses moules. Notre dégustation a eu lieu dans la brasserie Timmermans, fondée en 1702 et connue pour sa bière artisanale Lambic. Cette bière de base sert à la fabrication d’autres bières dites à fermentation spontanée. L’une d’elles est faite à partir de cerises (trop sucrée à mon goût). Je n’ai pas mangé de moules, mais j’ai savouré des frites avec une bière Jupiler.

Petite anecdote belge. Dans les Ardennes, il y a un saucisson sec appelé «pipe». Notre guide a blagué en disant qu’on peut avoir une pipe pour un euro! Il nous a cependant mis en garde de ne pas demander cela sur la rue.

Luxembourg

J’ai mis les pieds au Luxembourg pour la première fois (juste une nuit). L’autocar a d’abord fait un arrêt à un centre de service. La boutique a été envahie, car les prix étaient mirobolants. Une bouteille de vin italien (Chianti) à moins de cinq euros!

De tous les états membres de l’Union européenne, le Grand Duché du Luxembourg est le pays qui offre les meilleurs salaires.

À ma très grande surprise, j’ai appris que les membres du clergé au Luxembourg, en Belgique et en Alsace-Lorraine sont payés par l’État. Ils soignent l’âme comme d’autres soignent le corps.

Nous avons passé trois nuits à Colmar (France), ce qui nous a permis de rayonner vers l’Allemagne (Fribourg) et la Suisse (Lucerne). Colmar est le lieu de naissance d’Auguste Bartholdi, auteur de la statue de la Liberté à New York. Une statue plus petite se dresse à un rond-point de la ville. Et un maire de Bruxelles a fait don à la ville d’une réplique du Manneken-Pis.

Choucroute quotidienne

Notre dégustation de vin en Alsace a eu lieu à Riquewihr, aux Domaines Dopff Irion où le vin est produit depuis le xvie siècle et exporté vers plus de trente pays.

Selon notre guide, le Notre Père est différent en Alsace; on ne dit pas «donnez-nous notre pain quotidien», mais plutôt «donnez-nous notre choucroute quotidienne». J’ai évidemment suivi cette invocation.

À Fribourg, nous avons débarqué au marché local vers 9h du matin et, à ma grande surprise, des gens dégustaient déjà des saucissons de 12, 15 ou 18 pouces!

À Lucerne, il est recommandé de boire un verre de Fendant et de savourer une fondue fromage. Je me suis volontiers plié à cette coutume.

La Suisse, comme la Norvège, n’est pas membre de l’Union européenne parce qu’elle est assez prospère pour faire cavalier seul. On gagne facilement 9 000 euros par mois (11 800 $), mais cela n’inclut pas la pension et l’assurance-santé.

Cave historique

À Strasbourg, notre dégustation de vin nous a conduits à la cave historique des Hospices, fondée en 1395. Rare vestige du passé, cette cave aux voûtes impressionnantes a permis la conservation du vin pour la messe et, surtout, l’alimentation quotidienne.

La boulangerie, la pharmacie et les caves à vins faisaient bon ménage. Le guide nous a montré le fut renfermant le doyen des vins, qui a 540 ans. Il nous fait goûter «un vin qui fait du bien à monsieur si madame le boit…»

Le doyen des vins a 540 ans.

Les bulles de Mumm

En route vers Paris, nous nous sommes arrêtés à Reims pour une dégustation de champagne. Nous n’avons arpenté que quelques mètres des 25 kilomètres de galeries. Nous avons surtout appris que «Dieu créa l’eau et l’homme inventa le vin».

La guide nous a précisé que Mumm est le troisième producteur de champagne français au monde, les deux autres étant «peu connus». Il s’agit évidemment d’une blague, puisque ces concurrents sont Veuve Clicquot et Moët & Chandon.

Mon voyage s’est terminé à Paris où j’ai fortuitement croisé l’écrivain torontois Hédi Bouraoui dans un petit bistrot près de mon hôtel, Place de l’Italie. C’est vraiment une preuve que le hasard fait bien les choses.

Je ne suis resté qu’une journée à Paris. C’était suffisant pour confirmer que les Français ont un engouement pour l’anglais. On connaît bien la phrase «je laisse la voiture dans le parking, je monte dans le building et je fais mon shopping».

Juste dans un rapide tour de ville, j’ai noté un Cheese Bar, un Paradise Food, un Mega Store, un Welcome Café et un autobus Open Tour (à deux étages).