Raymond Brousseau nous fait découvrir l’art inuit

Raymond Brousseau
Raymond Brousseau et John R. Porter.
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Publié 15/07/2018 par Gabriel Racle

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) consacre une exposition d’une centaine d’œuvres choisies dans sa riche collection d’art inuit.

Quatrième en importance au Canada, elle a été constituée en 2005 grâce à un don du collectionneur et peintre Raymond Brousseau et à la contribution financière d’Hydro-Québec. Les œuvres, visibles en tout temps, sont déployées dans une salle du pavillon Lassonde.

À cette occasion, le MNBAQ et les éditions VARIA publient un ouvrage de John R. Porter, un ami de R. Brousseau, intitulé Raymond Brousseau et l’art inuit : le parcours singulier d’un artiste collectionneur, dont les pages sont émaillées de reproductions de l’art inuit.

Raymond Brousseau
Raymond Brousseau et l’art inuit: le parcours singulier d’un artiste collectionneur, Éditions MNBAQ et Varia, 2018, broché, 22,5×15 cm, 152 illustrations, 288 pages, 28,95 $

Ce livre offre donc un double intérêt: suivre le parcours de l’artiste Brousseau et découvrir l’art inuit qui ne manque pas d’attraits pour qui n’en a pas une connaissance approfondie.

Changements de carrière

Raymond Brousseau est un Montréalais né le 11 février 1938. En 1963, il commence une carrière dans l’enseignement en tant que professeur de géométrie.

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Mais en 1966, il s’engage sur une tout autre voie en devenant réalisateur de cinéma pour l’ONF.

En 1970, il abandonne de nouveau la carrière qu’il suivait pour entamer un parcours artistique et fonder deux galeries d’art inuit dans le Vieux-Québec.

L’imaginaire inuit

C’est John R. Porter qui donne peut-être la meilleure explication de ce revirement complet, sans doute le fruit d’une réflexion sociale canadienne de longue durée.

Raymond Brousseau
David Ruben Piqtoukun, Ours-chaman, 1985. p. 91.

«Brousseau a toujours voulu que soit reconnu l’imaginaire inuit dans toute sa complexité et que l’art inuit contemporain soit mieux apprécié, pour remplacer les vieilles images d’art dit “primitif” qui se sont imprégnées dans notre inconscient collectif.»

«C’est un artiste qui a une pratique en arts visuels, il a également fait de la vidéo expérimentale avec l’ONF, il a travaillé avec Jeanne Renaud, il a enseigné et beaucoup voyagé partout dans le monde», explique Catherine Morency, éditrice déléguée du MNBAQ.

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Sortir des préjugés folkloristes

«Il est très au fait de l’art contemporain et a beaucoup aidé l’art inuit à sortir des préjugés folkloristes. Il a fait entrer l’art inuit au musée du quai Branly à Paris. Il a même aidé l’ancien président français Jacques Chirac à se constituer une collection.»

Raymond Brousseau
Judas Ullulaq, Bœuf musqué au visage humain, 1994, p. 160.

Dans un entretien réalisé avec John R. Porter et publié sur Internet le 19 mai 2018 sous le titre: «L’art inuit nous est connu grâce au travail de Raymond Brousseau», on peut relever quelques points significatifs.

Brousseau est un personnage extraordinaire et atypique, selon John R. Porter: «Il a été mathématicien, peintre, sculpteur, cinéaste, projectionniste et antiquaire. À travers toutes ces vies, il a toujours conservé sa passion pour l’art inuit, un intérêt qu’il nourrit depuis 1956.»

Sa collection nous permet de faire un rattrapage collectif au sujet de l’art inuit. «Trop longtemps, on n’en a connu que des clichés», déplore John R. Porter. Mais Brousseau, grand collectionneur, fonde le premier musée privé d’art inuit au pays, mais pour lui «collectionner c’est partager».

Raymond Brousseau
Sculpture sur bois, p. 170.

Musée d’art inuit

En 1999, Raymond Brousseau ouvre à Québec un musée consacré à l’art inuit, près du Château Frontenac. Il en assure une contextualisation historique et géographique pour situer et faire comprendre la culture inuit. Aussi, ce musée devient rapidement «un acteur incontournable pour la compréhension et l’appréciation de l’art inuit».

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Et grâce à deux expositions qu’il organise en France en 2002-2003 à Lyon et en 2004 au Musée de l’Histoire à Paris, les Européens peuvent découvrir cet art précieux et unique qu’est l’art des Inuit.

Au printemps 2005, l’imposante collection du musée est reconnue «d’intérêt exceptionnel et d’importance nationale» par la Commission canadienne d’examen des exportations de biens culturels.

Raymond Brousseau
Visite de la collection Brousseau au MNBAQ.

Au MNBAQ

Peu de temps après, le musée ferme et la collection de 2 635 œuvres originales est offerte par Raymond Brousseau et Hydro-Québec au MNBAQ.

En 2008, RBrousseau poursuit son travail de diffusion en présentant une exposition intitulée L’Ours polaire au Musée et chiens du Saint-Bernard en Suisse.

Après un séjour en Ontario, à plus de 70 ans, Raymond Brousseau ressent la nécessité de créer à nouveau. La luminosité des heures, des saisons et des lieux d’une vie est regroupée au sein d’une douzaine d’œuvres.

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Raymond Brousseau
Inukshuk p. 119

Le livre de Porter

L’ouvrage de 288 pages de John R. Porter décrit en cinq chapitres le parcours de l’artiste-peintre Raymond Brousseau et sa passion pour l’art inuit.

Les nombreuses illustrations assurent une présentation de pièces d’art inuit, que l’on n’a pas l’occasion de voir sans se rendre à Québec.

Cet ouvrage d’une lecture facile ne peut qu’inciter à se rendre à Québec et, parmi tous les centres d’intérêt de cette ville, à visiter le MNBAQ pour voir dans la réalité ces réalisations de l’art inuit que Raymond Brousseau a mis tant d’ardeur à collectionner.

Cette collection accessible en permanence ravit les visiteurs de tous âges venus du monde entier.

Le NBAQ présente aussi une exposition consacrée à Berthe Morisot, femme impressionniste, jusqu’au 23 septembre.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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