Le public et les critiques semblent toujours aussi fascinés et enthousiastes par Robert Lepage, passé maître dans la conception de dispositifs scéniques complexes. Tout au cours de sa carrière, Lepage réinvente et revoit les façons traditionnelles du théâtre.
Dans The Nightingale and Other Short Fables, présenté jusqu’au 19 mai par la Canadian Opera Company (COC) au Four Season for the Performing Arts, le metteur en scène québécois s’emploie à transgresser les conventions opératiques.
Le concept du design surprend. Les chanteurs lyriques jouent et manipulent des marionnettes dans un bassin d’eau planté dans la fosse de l’orchestre, flanqué de plates-formes sur les deux côtés. Le chœur se dresse devant l’orchestre situé en arrière-plan de la scène, et des hommes-grenouilles manipulent un ensemble complexe d’éléments du décor.
Johannes Debus, directeur musical de la COC, dirige un programme mettant en vedette la musique de Stravinsky. La première partie débute par de courtes pièces vocales et instrumentales, redonnant vie à de burlesques fables russes.
Bien en vue, sur le côté jardin, d’habiles acrobates d’Ex-Machina (la compagnie de Lepage) font apparaître cheval, renard, lapins, qui surgissent sur un écran horizontal au-dessus de l’orchestre. La magie opère et le public retombe en enfance dans cette fiesta d’animaux imaginaires.
Pour donner vie visuellement aux contes, Lepage utilise la plus vieille technique, qui serait selon lui à l’origine du théâtre. «L’homme était assis autour d’un bon feu dans une caverne, racontant des histoires, et un jour il se leva et utilisa son ombre pour illustrer son histoire. Le théâtre est né en n’utilisant rien de plus que la lumière et l’imagination.»