La Société Charlevoix est un regroupement d’universitaires qui se consacrent à des travaux sur l’Ontario français. Elle publie les Cahiers Charlevoix, un collectif bisannuel exclusivement consacré à la diffusion des travaux de ses membres. Le neuvième volume des Cahiers Charlevoix regroupe trois études sur l’Ontario français. J’ai choisi de vous présenter celle qui traite de la première enquête jamais réalisée sur la vie culturelle des Franco-Ontariens.
Cette étude de l’historien Michel Bock (Université d’Ottawa) s’intitule «Jeter les bases d’une “politique franco-ontarienne”»: le Comité franco-ontarien d’enquête culturelle à l’heure des grandes ruptures (1967-1970).
C’est le gouvernement Robarts qui a créé ce Comité le 8 mai 1967. Il l’a invité à évaluer la participation des Franco-Ontariens aux diverses disciplines artistiques, à dresser un état de la vie artistique et culturelle des francophones en Ontario, et à formuler toutes recommandations nécessaires.
Michel Bock examine d’abord le contexte dans lequel le Comité d’enquête a effectué ses travaux. Il note que les années 1960 sont synonymes d’un «démantèlement de la structure ecclésiastique» qui a depuis toujours assuré un espace social et culturel francophone.
«Le retrait de l’Église de l’organisation sociale canadienne-française, son remplacement à plusieurs niveaux par l’État, le rejet des valeurs traditionnelles par une partie de la jeunesse acquise aux idées de la contre-culture en forte progression dans le monde occidental, ces facteurs, disons-nous, contribuèrent à ébranler les certitudes de jadis et à creuser l’écart entre les Franco-Ontariens et les milieux nationalistes du Québec…»