Hot Docs – L’envers du décor des salons funéraires

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Publié 30/04/2013 par Guillaume Garcia

On imagine bien ce à quoi peut ressembler l’atmosphère d’un salon funéraire. C’est lourd, pesant, les gens viennent rendre un dernier hommage à un proche disparu. Mathieu Fontaine, réalisateur québécois, a suivi pendant quelques mois des personnes travaillant dans le milieu du salon funéraire. Des embaumeurs, des thanatologues et des patrons d’entreprises. Loin des clichés des vautours de la mort, le documentaire Mort ou vif nous plonge dans la vie de ces travailleurs pas banals, qui veulent redorer le blason de leur métier.

«Quand je vais à l’hôpital voir quelqu’un que je connais, on se dit toujours ‘Ah lui il va essayer de vendre un de ses cercueils’», dit un des personnages devant la caméra. Il est touché, presque abattu de savoir que tout le monde comme un homme qui profite de la mort.

Cet extrait reste un moment fort du documentaire de Mathieu Fontaine, mais il ne représente pas le ton du film. Le ton est plus léger, de manière surprenante en fait.

Montrer le quotidien

«L’intention était de montrer que ce n’est pas nécessairement morbide. Il y a beaucoup d’humanité dans leur job. Ça m’a surpris. Beaucoup font ça dans leur vie pour rendre hommage à ces gens, pour laisser un bon souvenir aux proches. C’était super lumineux comme rencontre», dit Mathieu Fontaine, présent samedi au festival du documentaire Hot Docs où Mort ou vif est présenté.

L’idée du documentaire est née au Mexique. La productrice du film a rencontré des fossoyeurs et a été surprise du côté festif des rituels funéraires. Elle a donc voulu regarder du côté du Québec comment ça se passait. «C’était pour montrer le côté vivant que cela a, pas juste le stéréotype qu’on s’en fait», poursuit le réalisateur.

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«Il fallait les convaincre qu’on voulait montrer leurs vrais côtés. C’est une profession qui n’est pas bien vu dans les médias. Ils ont aussi vu la possibilité de rendre service à la profession. Il fallait aussi qu’il joue le jeu de la caméra et on voulait une diversité dans les personnages», explique Mathieu Fontaine, qui a aussi voulu ajouter un côté artistique en l’illustrant avec la musique de Tricot Machine, inspirée des Marching Bands qui rajoutait un clin d’œil fantaisiste et sortait de l’image terne.

Lui et son équipe ont eu la chance de rentrer dans le quotidien et l’intimité des gens qui travaillent dans l’univers des salons funéraires et dès la première journée de tournage leur cœur a été mis a rude épreuve.

Différents profils

«On est arrivé sur un cas d’autopsie. C’était un gros baptême, assez impressionnant, mais on s’habitue vite. Ils ne diront jamais qu’ils font un travail banal, mais tout cela fait partie de leur quotidien. Dans la répulsion qu’ont les gens pour ce métier, il y a vraiment le côté de la relation avec le cadavre.»

Dans le film, on croise un entrepreneur qui veut conquérir le marché à la manière d’un Wal-Mart, une jeune fille passionnée qui vit au dessus du salon funéraire, une embaumeuse-massothérapeute, un homme proche de la retraite et aucun ne vit la même expérience de son métier, mais ils se retrouvent dans la volonté de rendre service.

La fierté qu’ils ressentent de réussir un bon travail. «C’est vraiment un point commun entre eux la passion de vouloir rendre un bon service. C’est vraiment de l’art plastique, beaucoup de sculpture», avance Mathieu Fontaine, qui a pu assister et filmer des scènes dans le cœur de leur labo-atelier.

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Mort ou vif nous montre ces travailleurs de l’ombre comme ils sont dans la vie de tous les jours, comme au bureau, comme partout. Il y a l’effacé, le comique, le leader… «Entre eux ils font des farces, comme dans n’importe quel milieu de travail. D’un autre côté, il faut faire extrêmement attention par rapport aux dépouilles. Il y a un aspect cérémonial, et il y a l’arrière de la scène. Forcément c’est différent.»

Démystifier le métier

Un extrait du documentaire montre parfaitement ce quotidien, qu’ils vivent comme tout le monde. Un des personnages va prendre une marche avec son chien, en profite pour incinérer quelques corps et revient chez lui. Comme n’importe qui irait faire un tour et en profitait pour s’avancer un peu dans son travail.

Ce métier reste une vocation même si Mathieu Fontaine nous dit qu’une série comme Six Feet Under a fait beaucoup de bien au métier et l’a démystifié auprès du grand public. D’ailleurs, les écoles qui forment à ces corps de métier ont vu les demandes d’inscriptions augmenter de manière significative depuis la diffusion de la série.

Mort ou vif a réussi son pari de rentrer dans la vie de ces gens, qui sont dans un secteur d’affaires qui fonctionne plutôt bien même s’ils n’aiment pas montrer ce côté-là de leur industrie. «Il y a un gros malaise quand on associe l’argent à la mort», résume Mathieu Fontaine, qui a choisi, dans son docu, de ne pas tomber dans le gore ni dans le voyeurisme.

Produit pour TéléQuébec, le film a déjà été diffusé au Québec et a eu un retour très positif. «Les gens ont souvent trouvé ça drôle, surprenant, pas morbide donc on se dit qu’on a réussi notre coup.»

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www.hotdocs.ca/film/title/dead_or_alive

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Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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