Bonne nouvelle: les humoristes québécois n’auront pas besoin d’apprendre les maniérismes de Lynda Lemay pour faire rire le bon peuple, puisque la madone des refrains bien intentionnés s’auto-parodie sans vergogne sur Ma signature (Warner). D’ailleurs, quel intérêt aurait-elle à modifier la recette de son indéniable succès des deux côtés de l’Atlantique, imposant sa griffe sur dix albums échelonnés sur 20 ans de carrière?
Comme d’habitude, on retrouve au menu de Ma signature assez de sujets-choc pour alimenter une saison complète d’émissions de Janette Bertrand (grossesses, mises à pied, maladie d’Alzheimer et divers stigmates sociaux) avec, en guise de contrepoids, quelques exercices qui se veulent humoristiques, comme cette désopilante confession d’une mère qui a honte de son fils devenu mime.
Avec cette approche quasi-journalistique, le choix de sujets est illimité, mais Lynda n’a qu’à les passer dans son collimateur pour qu’ils en sortent identiques, c’est-à-dire uniformément mielleux et truffés de «p’tits ci» et de «p’tits ça (à en juger par l’omniprésence de l’adjectif dans ses textes, on pourrait en croire que Lemay vit dans une maison de poupées).
C’est ainsi qu’on se retrouve avec seize chansons prodigieusement verbeuses qui, dans leur souci de scruter notre intimité et nos tragédies pour susciter une réaction forte, la plume de Lynda Lemay s’avère plus obscène que la pornographie, dont elle partage l’impudeur et la prédilection pour les gros plans.
Du cœur et des couilles
En toute franchise, je me réjouis à l’idée qu’un album des Porn Flakes puisse nous servir d’antidote au poison précité. Riche de l’expérience des désormais légendaires Rock & Roll Orgies au Club Soda de Montréal, le supergroup québécois remet ça en studio, avec un tas de copains, le temps d’un Album du cœur (Famous Remus Records/Sélect) qui se veut à la fois tonique et décapant.